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UNA NOCHE

Un film de Lucy Mulloy

Les espoirs d’une génération brisée aux portes d’un pays qui fait rêver

Sur l’île de Cuba, Elio et Lila, frère et sœur, sont inséparables face à la dureté de leur vie quotidienne. Mais depuis qu’il travaille dans les cuisines d’un hôtel en bord de mer, le comportement d’Elio a changé. Avec son ami Raul, il prépare en secret son départ de l’île pour les États-Unis dont les côtes ne sont distantes que de 145 kilomètres…

La jeune Lucy Mulloy livre avec "Una noche" son premier long-métrage ; un film présenté en 2012 en compétition au festival du film américain de Deauville, d’où il est reparti avec le prix du Jury. "Una noche" est autant un drame social sur la condition des Cubains dans leur propre pays qu’un conte sombre, dur voire désespéré, sur une jeunesse qui refuse sa condition et cherche un eldorado, une issue de secours… Et ce paradis est tout trouvé pour les Cubains : le sol étasunien n’est distant que de 145 kilomètres, séparé de leur pays par la mer. Seul moyen, ou presque, pour rallier les plages de Floride : des embarcations de fortunes. Une histoire qui vue de France sonne comme étrangement familière car on connaît par chez nous les mêmes phénomènes avec les harragas, citoyens maghrébins qui se jettent en mer Méditerranée sur des canots bricolés dans le but de trouver refuge en Europe.

Le récit de "Una noche" est donc loin d’être un cas isolé, une histoire à part. C’est un regard porté sur un monde où les frontières n’ont jamais été aussi surveillées par les pays dits riches du Nord et convoitées par des peuples du Sud qui fuient la misère. Ici c’est d’autant plus déroutant qu’il s’agit d’une île paradisiaque montrée comme rarement au cinéma avec cette pauvreté, cette prostitution, le SIDA et l’intolérance vis à vis de l’homosexualité. Une île qui vit en partie grâce à ses plages de sable blanc et aux touristes, ces derniers se détournant tout de même de tous ces problèmes… Lucy Mulloy capte avec brio et intelligence ce contraste saisissant. Elle obtient le meilleur de ses comédiens non professionnels et glace le sang avec son final douloureux.

Récompensés de trois prix au festival du film de Tribeca à New York en avril dernier, "Una noche" a vu deux de ses principaux comédiens, Javier Nuñez Florian et Anailín de la Rúa de la Torre, disparaître peu après leur arrivée à Miami alors qu’ils étaient attendus au festival. Les deux Cubains ont quelques jours plus tard fait une apparition à la télévision où ils se sont déclarés en bonne santé et ont annoncé qu’ils demandaient l'asile politique aux États-Unis. Quand la fiction rejoint la réalité…

Mathieu PayanEnvoyer un message au rédacteur

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