UN VARÓN
Être vu comme un homme
Vivant dans un foyer à Bogotá, Carlos, tatouages et coupe « stylée », deale des joints dans les toilettes, et voudrait passer un vrai Noël, avec sa famille, loin de la violence des quartiers. Il va voir sa sœur Nicole, qui tapine, pour « sortir [leur] mère de là », passe un coup de fil à sa mère, et se retrouve invité à une soirée…
"Un Varón", découvert à la Quinzaine des réalisateurs, est un film à la tonalité documentaire, qui suit un jeune homme, Carlos, abordant par son biais, la représentation de la masculinité. Car derrière des apparences de dur, exigées par l’image de Mâle Alpha qu’exigent les bandes, et qu’il tente de cultiver avec ses tatouages, ses tenues et sa coupe « qui fait mec », se cache peut-être une toute autre personne. Une personne qui en adaptant ces codes archaïques, et les rites initiatiques qui vont avec, cherche l’acceptation de l’autre, au risque de se renier soi-même.
Le film s'ouvre justement sur une série de témoignages face caméra, où les codes à respecter pour survivre dans les rues de Bogota, sont résumés au fait d'être « dur » et donc de « ne pas être pédé ». S'en suit alors un portrait touchant mais d’une implacable âpreté, d'un jeune homme solitaire, soumis aux pressions d'un gang, contraint à la bagarre et à la démonstration de sa masculinité. Le premier contact avec une femme, résumée à ses ongles longs qui lui caressent le visage, et l'évocation de ses propres questionnements sur sa nature, face à un miroir, viennent maintenir la tension autour d’un jeune homme qui semble cependant tenu à distance du spectateur. Reste un travail assez méticuleux sur la lumière et ses coloris, contrastant avec le caractère effacé du personnage.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur