UN SILENCE
Un film pudique et troublant
Femme d’un grand avocat, Astrid a gardé le secret des sévices subis par son frère lorsque celui-ci était adolescent. Décidant de tout révéler pour faire tomber le coupable devant la justice, celui-ci emporte avec lui toute sa famille et sa sœur en premier… Mais que dire quand la honte a pris la place des mots il y a trente ans ?
Après "L’économie du couple" et "Les Intranquilles", Joachim Lafosse revient à nouveau pour interroger les tensions au sein d’un ménage, avec un drame intime et poignant. S’inspirant d’un fait divers datant d’une dizaine d’années, il raconte comment les tabous sexuels et les secrets de famille musellent, enferment et détruisent chaque individu à petit feu. En basant le scénario sur le point de vue d’Astrid, une femme troublée qui est à la fois sœur, mère et épouse, il montre que la fidélité, l’amour ou la tendresse ne suffisent plus face à certaines violences.
Parler d’Astrid, c’est parler du silence et le personnifier. Ce film raconte tacitement sa honte et sa souffrance face aux événements qu’elle a occulté. Il parle avec justesse des non-dits familiaux et de ces secrets que tout le monde sait sans les dire. Prenant la place du juge, Joachim Lafosse rend hommage et justice aux victimes et à leur entourage, sans pour autant se faire moralisateur ou dicter la conduite à suivre. Il exprime les dommages créés par ces silences et montre, de façon idéaliste, que les masques tombent toujours (même celui des plus hauts placés). Prenant un parti plus marqué que dans "Élève libre", il défend la jeunesse face aux atteintes sexuelles directes (viols, agressions…) ou indirectes (pornographie...) et dénonce le poids des images et des actes.
À la fois authentique, sobre et esthétique, ce film captive et émeut par son absence de prétention et d’effets de style. Les scènes silencieuses en voiture et de nuit, où Emmanuelle Devos et Daniel Auteuil brillent par la puissance de leur jeu, renvoient à cette pudeur qui jalonne les scènes et qui n’est pas sans rappeler le cinéma asiatique (dont le récent "L’arbre aux papillons d’or"). La rythmique particulière du film se retrouve aussi dans le choix de commencer l’histoire par sa fin et de remonter le cours du temps en flash-back. La décision, audacieuse, de rendre les trente premières minutes opaques à la compréhension, oblige le spectateur à se rendre acteur de l’enquête pour glaner les éléments nécessaires à la compréhension de cette fin.
Ce film est aussi marqué par le premier vrai rôle de Jeanne Cherhal au cinéma et les retrouvailles d’Emmanuelle Devos et Daniel Auteuil des années après "L’Adversaire", où ils jouaient déjà un couple meurtri par le mensonge. Deux paris réussis pour le réalisateur ! Par sa bande son, son montage et son angle d’approche singulier, ce film ne peut être que salué, car il parvient à dire le poids du le silence, en gardant sa pudeur et le trouble qu’il sème.
Adam GrassotEnvoyer un message au rédacteurBANDE ANNONCE
À LIRE ÉGALEMENT
COMMENTAIRES
gengiskhan
vendredi 8 novembre - 11h00
On comprends rien du film pendant au moins 3/4 d'heures, c'est trop
Des scènes dans les voitures trop nombreuses ça sert à rien
Dommage le dernier 1/4 d'heures est appréciables
Heureusement les acteurs sauvent le film
vendredi 8 novembre - 10h57
Le commentaire est à la hauteur des fautes d orthographe.
Billie
mercredi 28 février - 8h34
Au delà de la bonne interprétation de Auteuil et Devis je le suis ennuyée, trop de longueurs, il y a des scènes où il ne se passe rien.. quand cela devient intéressant 20 minutes avant la fin ça s'arrête. Un sujet bien trop grave pour avoir été ainsi survolé. Mise en scène moyenne, pas de lumière. Aussitôt vu aussitôt oublié