Festival Que du feu 2024 encart

UN SECRET

Un film de

Classique mais bouleversant

Alors que son père a disparu, visiblement atterré par la mort de son chien, un homme se remémore son enfance, son frère jumeau imaginaire, beaucoup plus fort et courageux que lui, et l'idylle de ses parents modèles qu'il s'était inventée de toute pièce. Mais la réalité fut tout autre, certaines familles cachant parfois de lourds secrets...

Trois ans après « La petite Lili », Claude Miller revient avec une nouvelle adaptation littéraire, celle du roman autobiographique d'Antoine Grimberg, fils d'une famille juive ayant traversé le vingtième siècle avec difficulté, mais la tête haute. Choisissant de relater son histoire en flash back à partir d'un présent en noir et blanc, le réalisateur de « La petite voleuse » mélange avec tact et adresse deux temps du passé: l'enfance puis l'adolescence de son jeune héros, et la vérité passée que décrit Julie Depardieu. Ne perdant jamais le spectateur en route, il réussit à transposer à l'écran un roman complexe, à l'émotion parfois saillante voir inattendue.

Usant d'une lumière magnifique pour ses plans autour d'une piscine, symbole d'une joie bientôt interdite, il met en scène les corps en des plongeons athlétiques, mettant ainsi en exergue la beauté insolente que représente le personnage de Cécile De France, tentatrice malgré elle. Il suit également avec pudeur l'évolution d'une passion interdite devenue, on le sait dès le début, union légitime, offrant au passage quelques scènes d'un érotisme torride (l'étreinte contre un arbre). Au poids des conventions se mêle la grande Histoire, et les regards des autres personnages, impliqués malgré eux dans un secret de famille enfoui dans les mémoires, loin des mots.

Provoquant cependant toujours des mots, ce récit salutaire, commenté en voix off par un Mathieu Amalric aussi posé que conscient de son propre décalage, est porté par un casting hors paire. Patrick Bruel y donne l'une de ses plus belles prestations, en père distant, aux rêves partiellement brisés, attendant trop de son enfant. Cécile De France est simplement étincelante de beauté et de fière pudeur. Julie Depardieu interprète une convaincante amie – confidente, dont l'homosexualité n'apparaît que par bribes. Quant à la véritable révélation du film, il s'agit de Nathalie Boutefeu, dont la seule scène d'indignation autour de pommes de terre qu'on épluche, pourrait bien lui valoir une nomination comme espoir féminin. Un film complet donc, à voir un mouchoir à portée de main, un jour on l'on a pas forcément déjà le blues au coeur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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