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UN PRINCE À NEW YORK 2

Un film de Craig Brewer

Une suite gentillette et bien trop fade !

Alors que le roi du Zamunda sent sa fin proche, le prince Akeem est appelé à lui succéder. Or, si ce dernier a trois filles et que l’aînée est prête à prendre la relève dans le futur, l’absence d’héritier mâle attise les convoitises du général Izzi, qui dirige le pays voisin. C’est alors qu’Akeem apprend que, durant son séjour new-yorkais où il a rencontré son épouse trente ans auparavant, il aurait engendré un fils illégitime durant une aventure d’un soir avec une autre femme…

Sortie le 5 mars 2021 sur Amazon Prime Video

Les suites tardives de comédies à succès mènent souvent à des catastrophes. Rappelez-vous certains désastres français : "Les Bronzés 3", "Les Trois Frères, le retour" ou "Les Visiteurs 3". Rares sont les suites retrouvant l’esprit de départ avec un niveau équivalent (c’est le cas pour "La Tour 2 contrôle infernale") mais cela donne parfois lieu à quelque chose de sympathique et oubliable qui n’atteint pas la cheville du film culte d’origine, comme avec "18 ans après" (suite de "Trois hommes et un couffin"). C’est dans cette dernière catégorie que se situe "Un prince à New York 2", que l’on accueille avec un grand scepticisme 33 ans après la sortie du premier volet réalisé par John Landis – lequel n’est plus de l’aventure et n’a d’ailleurs plus réalisé de long métrage depuis bien longtemps !

Dans ses efforts de retour au premier plan, Eddie Murphy fait à nouveau appel à Craig Brewer, qui l’avait dirigé dans "Dolemite Is My Name", sorti sur Netflix en 2019. Cette fois, c’est sur Amazon que l’acteur essaie de reconquérir son public – en attendant un possible "Flic de Beverly Hills 4" pour Netflix. Si le scénario se tient dans l’ensemble – bien que bancal par moments, comme pour le rapprochement maladroit entre Lavelle et Mirembe – cette suite ne trouve jamais suffisamment de rythme et d’élan comique, et l’on peine à déceler un soupçon de l’esprit du premier opus ni même la création d’autre esprit.

Tout juste a-t-on quelques espoirs durant les brefs retours à New York, notamment dans le salon de coiffure où Eddie Murphy et Arsenio Hall s’en donnent à cœur joie en faisant revivre leurs personnages secondaires, s’adonnant à l’un des exercices favoris de Murphy : le transformisme à la Peter Sellers, à base de maquillage, postiches et autres prothèses. Rappelons en effet que la star afro-américaine en avait fait une de ses marques de fabrique à partir du premier "Un prince à New York", où il interprétait quatre personnages (qu’il reprend dans cette suite), avant de renouveler l’expérience dans d’autres films tels que "Un vampire à Brooklyn", "Le Professeur Foldingue" ou "Norbit".

L’un des seuls atouts (bien insuffisants) d’"Un prince à New York 2", c’est la façon dont il poursuit la démarche de valorisation du film d’origine : mettre les Noirs au centre d’un film populaire (la quasi absence d’interprètes blancs a été un des combats de Murphy à l’époque) et mettre en valeur les cultures africaines ou afro-descendantes (bien que certaines personnes risquent quand même de crier au racisme ou à l’appropriation culturelle, un peu comme quand Omar Sy a été la cible de critiques grotesques après avoir brièvement repris son personnage de Doudou sur Instagram !).

C’est ainsi que ce film multiplie par exemple les guests de la pop culture afro avec la présence, dans leur propre rôle, de Morgan Freeman et de plusieurs artistes musicaux comme les groupes En Vogue et Salt-N-Peppa. D’une certaine façon, "Un prince à New York" avait été précurseur et même essentiel, ouvrant la voie à bien d’autres réussites populaires comme le récent "Black Panther", les deux films ayant en commun de mettre en scène un pays africain fictif opulent. Ce n’est d’ailleurs sans doute pas un hasard si l’entraînement au combat entre le prince Akeem et sa fille, au début d’"Un prince à New York 2", donne l’impression d’adresser un clin d’œil au film de Marvel, comme pour boucler la boucle. De même, on pourra estimer heureux que ce long métrage s’inscrive dans le sens de l’égalité femmes/hommes, notamment via la fille aînée incarnée par KiKi Layne (comme un écho à son personnage de combattante dans "The Old Guard").

On pourra également accorder à cette suite un certain sens de l’autodérision, lors d’un dialogue sur le cinéma américain entre Lavelle et Mirembe, où le premier se moque de la tendance à ne produire que des remakes ou des suites que personne n’a réclamées, faisant dire à son interlocutrice qu’il est regrettable que gâcher quelque chose de bon ! Plus involontaire peut-être, une réplique d’une fille d’Akeem au début du film, faisant remarquer à son père que sa façon de parler est ringarde, interroge sur la capacité d’Eddie Murphy à renouveler et moderniser son humour !

Mais on l’aura compris, les bons ingrédients sont trop lisses et n’empêchent aucunement le film de faire un flop, ne proposant rien d’exceptionnel du côté de l’humour (heureusement qu'il y a Leslie Jones !). Aucune scène n'est mémorable et on sourit plus qu'on ne rit, au point de se dire que les producteurs ont oublié en route qu’ils faisaient une comédie !

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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