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UN PEUPLE ET SON ROI

Un film de Pierre Schoeller

Une décevante fresque sur une révolution multi-têtes

En 1789, alors que la révolution française a commencé, chacun veut prendre part au changement, et dans la toute jeune Assemblée nationale, les débats font rage, notamment quant au sort à réserver au Roi…

Un peuple et son roi film image

Pierre Schoeller, auteur du brillant "L’exercice de l’État", a tenté, avec "Un peuple et si roi", de faire entendre le tumulte de voix qui s'entremêlèrent aux lendemains de la prise de la Bastille et jusqu'à l'exécution de Louis XIV, trois années plus tard. Ayant le mérite de remettre en mémoire quelques événements (l'assemblée constituante, la fuite à Varennes, la convention...), son film, s'il fait œuvre de pédagogie, manque malheureusement cruellement de souffle et de tension.

Débutant sur quelques éléments symboliques, de la tête du gouverneur qui tombe, redonnant l’espoir d’un accès au pain pour une partie de la foule, jusqu’à la démolition de la Bastille, qui apporte enfin de la lumière aux rues et donc au peuple. Un symbole d’espoir qui sera vite contrecarré par la complexité des relations politiques qui s’engagent alors, et que l’auteur tente de capter, soulignant d’emblée la trahison possible d’une partie des signataires.

Côté casting, la multitude d'acteurs et d'actrices français finit par tuer l'épaisseur de chacun des personnages. Schoeller choisit en effet de suivre autant un souffleur de verre (Olivier Gourmet), un voleur (Gaspard Ulliel) et une lavandière (Adèle Haenel) que les grand penseurs de l'époque (Danton – Vincent Deniard, Robespierre – Louis Garrel, Marat – Denis Lavant). Si l'on comprend l'intention, synonyme de cette égalité tant réclamée, l'effet est désastreux, le rôle de ces derniers étant réduit à quelques interventions virulentes en assemblée.

De plus le parti-pris de ponctuer le récit de soudaines chansons entonnées par les intéressés, s’avère à la fois pénible et décalé par rapports aux cadavres qui s’accumulent. Rien ne nous est épargné sur la fin (attention potentiel Spoiler, ou pas, vu que chacun connaît son Histoire de France), pas même la très très longue discussion quant au sort du Roi, ni le parallèle lourdaud entre la sortie du voleur de sa condition (il apprend la soufflerie) et le prononcé de la sentence, ou encore l’attendue exécution d’un Roi (Laurent Lafitte parfait dans ses inconsciences). Au final, "Un peuple et si roi", malgré ses qualités d’interprétation et de reconstitution, a bien du mal à imposer son message, plutôt très actuel, sur le fait que l’on « ne compose point avec les tyrans ».

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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