UN PETIT MIRACLE
Le vivre ensemble, sans surprise
Juliette est institutrice dans un petit village du sud de la France. Très liée à son ancien instit et mentor Edouard, elle ne comprend pas pourquoi celui-ci reste reclus chez lui, ne voulant plus voir les enfants. Lorsque son école brûle, elle convainc le maire, face au risque de voir disparaître la seule classe du village, d’accepter de mettre à sa disposition temporairement le seul local disponible sur la commune : une salle dans la maison de retraite Les Platanes. La cohabitation avec les résidents et le directeur des lieux plutôt bourru, ne va pas être de tout repos…
Alice Pol interprète avec un élan positif le rôle principal de cette comédie dramatique sur le vivre ensemble, dont le fond intéressera sans doute plus que la forme. Lointainement inspiré d’une histoire vraie venue des États-Unis, la trame du métrage reste plutôt classique, alliant des éléments de comédie romantique (la rencontre de deux caractères opposés, dont on devine dès les premières minutes la possible romance à venir) et de ces films qui prônent la combativité, la persévérance et l’originalité des solutions face à une situation sociale visiblement désespérée ("The Full Monty", "Pride", "Les Géants"…).
Mais en choisissant de centrer le récit sur les deux adultes (l’institutrice et le directeur de la maison de retraite) et l’opposition entre leurs approches de leurs métiers et de la vie, libre et fantaisiste d’un côté, rigide et respectueuse à l’excès des règles de l’autre, les scénaristes manquent en partie leur cible. Ils réduisent en effet les personnages des résidents et des enfants, à des seconds rôles parfois particulièrement restreints, la mise en avant de leurs moments de friction ou de complicité ne laissant place à presque aucun réel développement (excepté pour le personnage de Madeleine). Même le personnage d’Édouard (interprété par Eddy Mitchell), dont on imagine au départ qu’il va être fondamental, semble presque oublié pendant une partie du métrage, et paraît au final réduit à un simple symbole : celui de la souffrance face à la perte d’autonomie.
Le scénario a cependant le mérite d’aborder, de manière humoristique, la sexualité en maison de retraite (sujet parfaitement tabou et parfois inimaginable pour les familles). Et on ne peut que saluer les bonnes intentions en termes de peinture des difficultés des personnels, face au manque de moyens, aux risques juridiques et à la charge de travail grandissante. Si l’on en ressort persuadé que le contact entre générations ne peut être qu’un élément bénéfique, pour les personnes âgées comme pour les petits, on n’est malheureusement jamais surpris par les méandres de cette histoire, qui s’inscrit avant tout dans les sujets politiques et sociaux du moment.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur