UN JOUR SI BLANC
Un deuil douloureux
En Islande, par un jour si blanc, une voiture roule sur une route de campagne. Au détour d’un virage la voiture glisse et tombe dans un ravin. À son bord, la femme d’Ingimundur est tuée sur le coup. L’homme, inconsolable, essaye de retrouver une raison de vivre. Mais un jour, en rangeant les affaires de sa femme, il comprend que celle-ci avait un amant…
À l'image des paysages islandais, rocailleux et avares de végétation, "Un jour si blanc" est un film brut, minéral. Séparé tragiquement de la femme qu'il aimait, Ingimundur sait que seul le temps pourra apaiser sa peine. Alors, appliqué mécaniquement à sa tache, il retape saison après saison un ancien entrepôt, afin d'offrir une belle maison à sa fille.
Portrait d'une âme accidentellement solitaire, le film consacre son héros à sa famille. La fille l'a bien compris et se décharge régulièrement sur lui pour qu'il garde sa petite-fille. La relation entre l'homme et l'enfant est exclusive et aimante, même si l'homme, toujours très entier, a des réactions à l'emporte-pièce comme dans cette très belle scène où la fillette lui demande une histoire qui fait peur. Et elle ne sera pas déçue.
Au delà de l'analyse psychologique d'un homme meurtri, "Un jour si blanc" se nourrit d'un désir de vengeance. Petit à petit, la caméra verrouille sa focale sur son héros pour pouvoir capter la rage qui monte. Tel un volcan, Ingimundur garde sa douleur en lui pour exploser au moment opportun. L'homme est flic et sait comment s'y prendre. Or la douleur a ses raisons que la raison ignore et le film glisse alors dans un registre plus viscéral. Un scénario taillé à la serpe, que la caméra de Hlynur Palmason vient ponctuer de plans séquences calmes et mordants comme un jour si blanc.
Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur