UN HOMME EST MORT
Sobre et efficace témoignage
L’après guerre. A Brest, en 1950, des manifestations d’ouvriers se préparent. Sur la base d’un arrêté d’interdiction anti-daté, la police intervient avec forces fumigènes, tabassant les manifestants. Et au milieu de la foule : un mort, Edouard. Face à la tristesse et au désir de vengeance, la CGT fait alors venir le cinéaste René Vautier pour faire un film sur les événements…
Avec ce moyen métrage animé, durant à peine plus d’une heure, Arte rend un bel hommage à une jeunesse pleine de fougue et de revendications, s’indignant devant les abus de pouvoir, depuis l’arrangement avec la loi jusqu’aux violences policières. Contraignant son personnage principal (P'tit Zef) à suivre un cinéaste dans son reportage, Olivier Cossu met en scène avec une certaine intensité le désir de justice et d’égalité, d’ouvriers exploités durant l’après-guerre, tout comme l’apprentissage d’une certaine « canalisation » de la violence.
Au travers d’une animation sobre, aux traits de contours fins et à plats de couleurs pour les personnages, il propose de belles idées de transition, comme ces yeux en forme d’olives noires, qui se fermant deviennent une simple ligne. Mettant face à face l’auteur Paul Eluard (dont le poème, hommage à Gabriel Péri, "Un homme est mort", rédigé en 1944, donne son titre au film) et ces ouvriers qui s’approprient son texte (ou le « digèrent » comme il dit) au lendemain de la Guerre, le réalisateur crée l’émotion à partir d’une idée simple : « il y a des mort qui font vivre », qui déclenchent des actions, créent des vocations, et ne sont donc pas inutiles. Touchant.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur