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UN ÉTÉ À OSAGE COUNTY

Un film de John Wells

Une famille déjantée pour une comédie dramatique savoureuse

Il y a des familles un peu hystériques, et puis il y a les Weston ! Entre une mère accro aux médicaments et complètement lunatique, trois filles aux nombreux secrets, et des hommes dépassés par la situation, les retrouvailles familiales promettaient de causer quelques tracas et fracas d’objets. Mais si en plus, les petits enfants se mettent également à suivre la lignée familiale, c’était forcément un beau bordel qui allait avoir lieu. On ne sera pas déçu…

Après s’être intéressé à la crise financière et au destin de trois hommes sacrifiés au banc de l’économie mondiale dans "The Company Men", John Wells s’attaque cette fois à une famille hors-du-commun, où les insultes ont remplacé les politesses. Enfant américain de "Festen" et cousin éloigné de la comédie tricolore "Le Prénom", "Un été à Osage County" nous dresse le portrait de la famille Weston, où chacun des membres a une légère tendance à péter les plombs au contact des autres. Alors lorsque le patriarche, poète raté reconverti en professeur désabusé, désormais simplement alcoolique, disparaît, c’est tout le foyer qui se rassemble pour épauler la mère, atteinte d’un cancer, et accessoirement accro aux médicaments, hystérique et cynique.

Adaptation de la pièce de théâtre éponyme, ce film offre la part belle à ses comédiens au cœur de cette joyeuse cacophonie. Chacun offre des compositions époustouflantes, que ce soit Julia Roberts en fille psychorigide endurcie qui cherche maladroitement à tout contrôler, Ewan McGregor en papa gâteau et mari infidèle, Dermot Mulroney en play-boy ringard, ou encore Chris Cooper, en aïeul dépassé par les évènements et la brutalité des femmes de la maison, cette liste pouvant s’allonger du nom de chacun des acteurs. Mais au milieu de ce casting cinq étoiles, Meryl Streep survole l’ensemble en malade bourrue, lunatique et complètement déjantée. Un rôle à Oscars certes, mais peu d’actrices auraient pu tenir la baraque comme elle le fait, avec une aisance si naturelle ; et son énième nomination pour la cérémonie paraît cette fois-ci entièrement légitime.

La véritable force de ce psychodrame explosif est la qualité des répliques des différents protagonistes, ainsi qu’un humour corrosif planant sur l’ensemble du métrage. Comédie dramatique grinçante, "Un été à Osage County" regorge de joutes verbales jubilatoires, où la folie ambiante emporte tout sur son passage. Et pour que de telles situations fonctionnent, il fallait que les personnages soient légèrement stéréotypés, car c’est précisément dans la caricature que cette chronique familiale tient sa réussite et son humour barré. Et lorsque la comédie s’efface derrière le drame, le métrage titube d’avantage, hésitant entre réalisme et extravagance. Or c’est ce côté saugrenu et abracadabrantesque qui donne son charme à cette réunion familiale insolite.

Mais si cette farce fantaisiste trouve sa force dans le surréalisme de ses situations, le réalisateur est malheureusement tombé dans l’overdose de situations rocambolesques, enchaînant les secrets et les révélations à une vitesse telle qu’elle finit par ridiculiser tout le métrage. À force d’additionner les retournements de situation, le spectateur risque de finir par s’agacer. On ne peut ainsi que regretter ce manque de subtilité qui a transformé une comédie intelligemment grotesque en foire bêtement stupide dans les dernières minutes. Néanmoins, cette plongée baroque au cœur de cette famille farfelue mais terriblement attachante demeure une excellente surprise.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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