UN ESPION ORDINAIRE
Un cours d’histoire manquant terriblement d’originalité
Alors qu’il n’est qu’un simple représentant de commerce anglais, Greville Wynne se retrouve à jouer les espions pour le compte du MI-6 et de la CIA. Son objectif est aussi simple que périlleux : obtenir le maximum d’informations sur les soviétiques afin d’éviter un affrontement nucléaire…
Un simple VRP anglais. La CIA, le MI-6, la crise des missiles de Cuba, des allers-retours entre Moscou et Londres. John Le Carré aurait pu reprendre ces éléments pour en faire l’une de ses nombreuses histoires à succès. Mais cette fois, c’est bien la réalité qui nous offre le récit de Greville Wynnne, un représentant de commerce plongé dans le monde de l’espionnage au début des sixties. Alors qu’il gagnait confortablement sa vie dans son quotidien paisible de petit homme d’affaires, celui-ci se voit abordé par deux émissaires des services secrets britanniques et américains. Sa mission serait simple : nouer une relation avec un colonel de l’URSS en désaccord avec la politique de Khrouchtchev et obtenir ainsi le maximum d’informations sur l’ennemi soviétique. Pourquoi faire appel à ce quidam ? Précisément parce que personne ne pourrait le soupçonner. Le début d’un improbable destin au cœur de la guerre froide.
Si l’on pense notamment au "Pont des Espions", Dominic Cooke n’est pas Steven Spielberg, et la tension supposée s’en retrouve grandement limitée. Académique et prévisible, le métrage se contente de respecter son cahier des charges, enchaînant même les poncifs du genre, avec ses pseudo-twists, ses faces patibulaires croisées sur le chemin et ses personnages secondaires caricaturaux. Si les aficionados de tels films devraient en avoir pour leur argent, ceux qui espéraient quelques fulgurances cinématographiques seront bien déçus face à la pauvreté des propositions scénaristiques et esthétiques. Inscrit dans une période anxiogène par excellence, "Un Espion Ordinaire" n’arrive jamais à en retranscrire les émois et la paranoïa ambiante. Heureusement que d’excellents comédiens se sont laissés embarquer dans le projet, Benedict Cumberbatch en tête, pour nous sortir de l’assoupissement qui guettait…
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur