Festival Que du feu 2024 encart

UN COUPLE

Un film de Frederick Wiseman

Des monologues ternes, mais qui en disent long

Durant 36 ans, Léon et Sophie Tolstoï ont été mariés. De ce mariage sont nés 13 enfants. Leur union a connu des hauts et des bas, en alternance de disputes, moments de réconciliation, doutes… Se confiant à son journal, ou écrivant à son mari, Sophie se livre sur les tourments de leur vie commune, son admiration, l’amour qui s’éteint…

Un couple film movie

Devenus amis après leur rencontre au Festival de Berlin en 2005, Nathalie Boutefeu, actrice, ("Les Yeux clairs", "Le Chignon d'Olga", "Nuage"...) et Frederick Wiseman, réalisateur de documentaires souvent fleuves ("La dernière lettre", "Crazy Horse", "National Gallery"…) avaient déjà collaboré au théâtre en 2012 sur "La Belle de Amherst", monologue tiré des poèmes et lettres d’Emily Dickinson. Les voici donc qui récidivent, avec un long métrage (seulement 1h03 cette fois-ci), passé par la compétition du Festival de Venise, en forme également de monologues, librement inspirés des réflexions intimes de Sophie Tolstoï, femme de l'auteur de "Guerre et Paix" Léon Tolstoï : son "Journal intime : 1862-1910", tenu de son mariage à 18 ans jusqu'à sa mort, son livre "Ma Vie" et celui de son mari, "Lettres à sa femme".

Le dispositif du film est simple : dans la nature d’une île aux paysages bucoliques (le tournage a eu lieu à Belle-Île), Sophie (Nathalie Boutefeu) réfléchit à sa vie, s’adresse à son mari, prenant le spectateur comme vecteur de ses souffrances puis de son apaisement… À un bureau éclairé à la chandelle, où elle écrit une lettre, sous un arbre, assise dans l’herbe, dans le calme ou un climat plus rude, elle exprime à haute voix ses souvenirs, son admiration, les obstacles à leur bonheur, les hésitations de l’homme face à l’union, ses aspects changeants avec elle, sa jalousie vis à vis de celles qui peuvent avoir une connexion spirituelle (en plus de physique ou de l’ordre du « devoir »), le désir de divorce et d’éloignement… Sans grand relief ni passion, se dessine ainsi en filigrane la condition de la femme à la fin du XIXe siècle.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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