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UN AMERICAIN BIEN TRANQUILLE

Un film de Phillip Noyce

De l'implication nécessaire de l'individu

Un journaliste anglais (Michael Caine), se définissant lui même comme reporter et non comme correspondant, a élu domicile au Viëtnam, où il partage la vie d'une jeune et belle courtisane. Toujours observateur des évènements, il voit un jour débarquer un américain bien tranquille, médecin oculaire (Brendan Fraser), qui tombe rapidement amoureux de sa compagne...

Sans être nostalgique d'une époque révolue, ou d'un colonialisme profiteur, le film de Phillip Noyce distille une sorte de doux malaise, image du rapport de fascination et de répulsion entre ce pays asiatique et les occidentaux qui y vivaient dans non pas l'opulence, mais un certain confort. C'est ainsi que les décors vieillots rivalisent avec la décrépitudes des ruelles, ou des objets qui peuplent des pièces où le temps semble s'être arrêté, comme attendant l'événement dramatique qui changera les choses. En sent ainsi gronder la menace, qui, imminente, peut prendre tous les visages, toutes les formes.

Et le scénario, finement écrit, nous révèle une page assez méconnue de l'avant-guerre du Viêtnam. A l'époque, les français dirigeaient le pays, et faisait l'objet d'attaques de la part des communistes. Montrant l'implication des services secrets américains dans le déclenchement de leur propre guerre, le film prend une résonance toute particulière en cette période où l'on découvre que des preuves ont été falsifiées pour obtenir l'aval des élus et entrer dans d'autres conflits. La dernière image, figée face à un bandeau sur les yeux d'un prisonnier est d'ailleurs hautement symbolique.

Michael Caine, nominé pour ce rôle, à l'Oscar du meilleur acteur, donne toute la mesure de la solitude de ce reporter, et de son attachement au pays qui l'a accueilli. Il rappelle que si chacun peut être spectateur des évènements importants qui l'entoure, l'amour pour la vie ne se mesure qu'à la hauteur de l'implication, même discrète que l'on peut avoir envers la vie. Chacun peut donc choisir de ne pas rester aveugle.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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