UGLIES

Un film de McG

Intrigue accélérée

Après l’effondrement écologique qu’a connu l’humanité, des scientifiques ont inventé une fleur, l’orchidée tigre blanche, capable de fournir une énergie sans limite. Afin de lutter contre les tensions sociales, les autorités ont aussi mis en place pour toute la population, une opération visant à rendre les gens parfaits, notamment physiquement. Lors de l’anniversaire de leurs 16 ans, Tally, surnommée « la bigleuse » et Peris, surnommé passeront donc ainsi des Uglies aux Pretties, et entreront dans un monde fêtes et d’harmonie. Le jour de ses 16 ans, Peris donne donc rendez-vous un mois après à Tally sous le pont, afin de lui raconter son expérience. Mais le jour J, Peris n’est pas au rendez-vous et Tally profite d’une fête costumée pour s’incruster dans le monde des Pretties, retrouvant brièvement celui-ci, mais se faisant repérer par la sécurité. Poursuivie, elle est sauvée par Shay, jeune femme en skateboard volant, qui a pour projet de rejoindre un groupe rebelle mené par David, alias « La Fumée », à l’extérieur de la ville…

Sortie le 13 septembre 2024 sur Netflix

Alors que le brillant "A Different Man", réflexion troublante sur le pouvoir de la beauté physique, continue sa tournée des festivals (Berlin, Deauville), Netflix nous propose l’adaptation du premier roman de la série de cinq tomes de Scott Westerfeld ("Uglies", "Pretties", "Specials", "Extras", "Secrets"). Le résultat est film pour adolescent aux messages prémâchés, se contentant d’un portrait d’une héroïne sans âme, que l’on sent à peine tiraillée par le dilemme qui s’offre à elle : trahir sa meilleure amie, ou renoncer à devenir belle. Opposant donc les « moches » (Uglies) au destin supposé sans horizon et les « beaux » (Pretties) à l’avenir sans encombre ni souci, le scénario se contente d’aligner les manifestations d’un monde dystopique sous contrôle, sans donner aucune réelle explication, si ce n’est celle de la paix sociale. Comment alors considérer qu’il y a un enjeu à ne pas faire partie des Pretties, puisque ceux-ci ne semblent exploités en aucune manière, hormis pour devenir pour certains des machines de guerre, surpuissantes.

Signé McG ("3 Days to Kill", "Terminator Renaissance", "Charlie et ses drôles de dames" et sa suite "Charlie's Angels - les anges se déchaînent") le résultat manque paradoxalement d’action dans sa première partie. Ainsi, tout le potentiel aventurier du trajet de Tally, cherchant à retrouver Shay en parcourant les contrées polluées ou sauvages, est ainsi anéanti à quelques minutes, dans un résumé qui réduit toute indication à un simple paysage, et refuse tout suspense quant au franchissement de chacune des étapes (à l’exception d’un saut en skateboard flottant aussi facile que rapide). La suite offrira tout de même quelques scènes d’affrontement, où étrangement c’est la force brute qui prime, et où s’implique la méchante cheffe du régime. Quant à la conclusion, qui laisse entendre une suite, elle laisse pantois quant à la facilité d’embrigadement des jeunes et l’utilisation de certaines armes sorties de nulle part.

Si l’on pourrait prendre un certain plaisir à découvrir la ville futuriste et festive qui apparaît face à nous (toute droit sortie de revues d’architectures), celle-ci est réduite à un décorum lointain, où s’enchaînent fêtes et feux d’artifice désincarnés. Quant à la « résistance », elle ne sera pas plus détaillée, réduite à un groupuscule qui vit dans les bois, en défendant son libre arbitre, sans trop savoir expliquer en quoi leur mode de vie est préférable. Si de nouveaux enjeux pointent leur nez en conclusion (environnementaux notamment, longtemps oubliés dans le métrage…), le message principal reste sur l’acceptation de soi-même, à commencer par son physique, et peut se résumer en un dialogue : « être soi-même suffit ». Il touchera peut-être lu public adolescent, mais sans être relié aux problèmes de ce monde évoqués en introduction et que voudrait réguler le régime. Un régime qui n’est finalement incarné que par sa cheffe, présentée au départ en hologramme à la manière d’une keynote Apple, et toujours habillée de blanc, quelle que soit la situation ou le contexte. Et si les ados se mettaient à refuser un autre type de formatage que celui des critères physiques ?

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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