TWISTERS
Une réécriture plus tournée vers les conséquences des tornades
Étudiante, Kate embarque son petit ami et d’autres étudiants dans une chasse à la tornade, afin de valider sa théorie en modélisant le phénomène et en lâchant un produit censé la faire disparaître en absorbant l’humidité en son coeur. Mais l’expérience tourne court, car au lieu d’une tornade de classe F1 ou F2, ils doivent faire face à une puissante tornade de classe F5, qui les oblige à tenter de trouver refuge ailleurs que dans leur véhicule. Traumatisée par la mort de ses amis, à l’exception de Javi, qui était chargé de mesurer les données à distance, Kate recroise celui-ci des années plus tard alors qu’elle travaille désormais dans un centre météorologique à New York. Mais Javi, qui a développé un nouveau système de modélisation des tornades, parvient à la convaincre de l’aider pendant une semaine, avec son sens inné pour prévoir ces phénomènes. Ils se retrouvent alors en pleine rivalité avec l’équipe de casse-cous de Tyler Owens, chasseur de tornades et célébrité des réseaux sociaux…
Le réalisateur coréo-américain multi-primé de "Minari", Lee Isaac Chung a donc hérité des rênes de l'une des super-productions de l'été 2024 : "Twisters", film sans réel lien avec celui Jan de Bont, "Twister", classique du film catastrophe datant de 1996, si ce n’est la thématique aujoud’hui éventée par certaines émissions télés des chasseurs de tornades et l’utilisation des mêmes capteurs volants qui étaient expérimentés dans le premier. Là où un couple était au centre d’une intrigue (Helen Hunt et le regretté Bill Paxton) qui visait à simplement étudier les tornades, c'est ici une jeune femme seule et deux prétendants qui font avance une histoire dont le sujet principal devient celui de l'impact sur les populations, avec dès le départ un projet scientifique qui vise à diminuer ou annihiler la puissance du phénomène. En envoyant dans le siphon un produit chimique permettant d'absorber l'humidité, Kate, l'héroïne, a droit d’emblée ici au trauma qu'elle devra ensuite dépasser, la faute à une expérience vouée à l'échec lors d'une scène d'introduction qui montre déjà le fossé dans les effets spéciaux, franchi en quelque 28 ans qui séparent les deux longs métrages.
La jeune Daisy Edgar-Jones ("Là où chantent les écrevisses", la série de Canal Plus "La Guerre des Mondes") ne démérite pas dans le rôle de Kate, quant à Glen Powell ("Les Figures de l'ombre", "Top Gun: Maverick"...), il déploie tout son charme en homme sûr de lui, dont le dessein n'est finalement peut-être pas si égoïste et mercantile qu'il n'y paraît. Cependant le triangle amoureux comme les enjeux écologiques ont bien du mal à exister au sein d’un film construit pour nous en mettre juste plein la vue, en immergeant le spectateur au sein de tous types de tornades, de faible ou grande intensité, voire jumelles. Donnant à voir plus de scènes de destructions, ainsi que les difficultés à trouver refuge pour des populations finalement non préparées, "Twisters" parvient tout de même à intriguer faute de faire réellement trembler pour ses personnages. Reste une jolie mise en abyme, qui symbolise à elle-même le film, alors que des habitants réfugiés dans un cinéma voient le mur s’effondrer puis l’écran s’envoler, laissant à l’arrière l’image que ce spectacle d’une vraie tornade dont ils sont les spectateurs impuissants. Un symbole à double tranchant, qui schématise également l’état d’un Hollywood capable presque uniquement de ressasser ses vieilles histoires... jusqu’à l’auto-destruction du cinéma lui-même ?
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur