TU MARCHERAS SUR L’EAU
Réconciliation avec soi même
« Tu marcheras sur l’eau » est l’occasion d’un voyage dans l’intimité d’un tueur professionnel, aux apparences insensibles, mais dont le cœur va nous être dévoilé peu à peu, jusqu’à un dénouement final déchirant. Derrière la beauté presque irréelle de cet homme aux yeux clairs, se dissimule un impitoyable assassin, dont les agissements sont au départ bien difficiles à juger, tant ils ont un rapport intime avec l’histoire d’un peuple, qu’elle soit ancienne (la shoa) ou récente (le terrorisme palestinien). L’intelligence du film, est de confronter cet homme, israélien, dont les convictions vacillent quant à l’utilité de continuer à vivre dans le passé, à deux représentant d’un autre peuple, impliqué dans la shoa.
Ainsi, le réalisateur s’intéresse aussi, avec la même curiosité que le personnage principal, à la manière dont les jeunes allemands regardent et assument le passé fasciste de leur pays. Mais la force des situations générées par le scénario, finit par obliger ces personnages à prendre eux aussi position, comme a pu le faire la fille, en s’éloignant de ses parents, et à agir, chacun à leur manière. On ressort bouleversé de ce chemin de croix vers une réconciliation des peuples et des hommes avec eux-mêmes et leur passé inconscient. Un voyage étrangement poétique, bercé par quelques classiques morceaux de rock, qui fait forcément réfléchir à ses propres positions, et à ses moyens d’actions contre la barbarie et la haine quotidienne, dont on ne se méfie jamais trop.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur