TRAQUÉ
Des années après le très bon "Police fédérale Los Angeles", William Friedkin revient en très grande forme
Dans une forêt du Nord de l’Amérique des chasseurs se font dépecer par un tueur insaisissable. Cet homme exécuteur des basses oeuvres formés par les forces spéciales, est passé progressivement de l’autre coté du miroir après des années de tueries. Alors le seul qui puisse le suivre et le stopper se trouve être son mentor, un ermite retiré dans les grandes étendues gelées du Nord du pays. S’engage alors entre les deux hommes un face à face sanglant…
Sur un scénario des plus conventionnel, qui oscille entre Rambo et le fugitif, il parvient à intégrer ses thèmes favoris et son style inimitable. Ajouté à cela un duo d'acteurs en pleine possession de leur moyen et vous obtenez un très bon film. Si le thème du soldat devenant fou par la suite des combats, a été mainte et mainte fois utilisé au cinéma, le réalisateur se sert du vecteur de la nature pour opposer, deux être au fond si semblable.
La forêt devenant un des personnages à part entière par son aspect dense et touffu qui réserve de bien mauvaises surprises à celui qui ne la maîtrise pas. Cela lui permet de faire ressortir lors de l'affrontement tout le côté bestial et sauvage des deux hommes. Ils traquent et abattent leurs proies comme des prédateurs déchaînés. Ils ne sont plus humains et se sont leurs caractéristiques animales qui les rendent encore plus dangereux.
Tommy lee Jones compose un personnage sobre, puissant et malgré cela fragile par bien des aspects, puisque étant entraîneur il n'a lui-même jamais tué quelqu'un au combat. De l'autre côté Benicio Del Toro présente un soldat dont les images de charniers viennent le hanter très souvent, comme si la sauvagerie des hommes prenait le pas sur sa raison. Malgré un certain attachement ou pitié que l'on peut porter à ce personnage, il bascule très rapidement vers la folie meurtrière quand il se sent traqué, attaqué.
Il est vrai alors que la violence de certain des combats du film peuvent heurter quelques-uns, mais il ne faut pas se leurrer, la volonté du réalisateur n'a pas été de faire dans la surenchère graphique mais bien de montrer tous le coté sauvage qui sommeille en chacun de nous, quelque chose qui nous pousse parfois à commettre l'irréparable si le monde extérieur nous y pousse. En résumé un bon film qui, malgré un scénario conventionnel et quelque peut évasif, parvient à distiller une tension permanente grâce à sa réalisation énergique et sèche. Les acteurs ne sont pas en reste et ajoute à cela un face-à-face terrifiant mais emprunt d'amertume.
Guillaume BannierEnvoyer un message au rédacteur