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TRAP

Un film de M. Night Shyamalan

Un pitch original pour un film sous une tension relative

Cooper emmène sa fille Riley, 12 ans, au concert de son idole, Lady Raven. Tentant de faire jeune, il ressent cependant vite le décalage avec un public principalement composé de jeunes filles, qui n’a de cesse de braquer des smartphones vers la star. Mais surtout il remarque rapidement une omniprésence de caméras et une présence de forces inhabituelle, incluant des membres du SWAT et du FBI. Questionnant un employé du stand merchandising, il apprend qu’un serial-killer, appelé le Boucher, qui a déjà fait 12 victimes savamment découpées, serait dans le lieux et que tout ce dispositif a pour but de l’identifier et de l’arrêter…

Autant le dire d’emblée, il est quasiment impossible de faire une critique de "Trap", le nouveau film-concept de M. Night Shyamalan ("Sixième Sens", "Signes", "Le Village", "Split", "Incassable", "Glass"...) sans déflorer au moins l’un de ses secrets, éventé certes assez rapidement, mais qui fait le sel du début du film, riche en possibilités. Aussi on vous déconseille de lire cette critique avant d’avoir vu le film, afin de ne pas gâcher une partie du plaisir que procure ce thriller efficace, même si loin d'être parfait. [Attention Spoiler] L’auteur, à la filmographie certes inégale, mais résolument doué pour les twists, s’amuse donc ici à brouiller dès le départ les pistes, positionnant le duo père-fille en potentiels acteurs collatéraux de cette traque organisée dans un lieu fermé (une aréna de spectacles). Mais il suffit de quelques détails (un coup d’œil jeté par smartphone interposé, sur une caméra qui surveille un homme ligoté dans une cave...) pour nous mettre la puce à l’oreille. Et si le tueur n’était autre que le personnage principal du film ?

C’est ensuite à la recherche d’une issue, à la fois perturbée par la présence dans la salle d’une mère de camarade de classe plutôt hostile (sa fille a eu des soucis avec un groupe de camarades qui semble l’exclure, voire la harceler), mais aussi par cette police dont l’étau se resserre, que le personne, particulièrement tactique et doté de sang froid, va s’attacher. Le scénario, plutôt malin, va finalement se construire en deux actes plus une conclusion, la notion de domination traversant l'ensemble, et passant d’un personnage à l’autre, avec en arrière plan cette responsable du FBI dont l’auteur s’amuse à nous cacher le visage pendant une bonne partie du métrage. Le film aurait certainement pu gagner en tension si l’exposé des méfaits du fameux Boucher avait été plus visuel, mais en se positionnant en permanence du côté du tueur, le réalisateur trouve là un mode de récit plutôt original, d’autant qu’il parvient tout de même à traiter l’enjeu de la libération de son prisonnier par un biais surprenant.

Fonctionnant sur le mode de la surprise, avec de multiples rebondissements (son méchant a plus d’un tour dans son sac) et avec bien entendu un dernier twist final au sein même de la conclusion, "Trap" bénéficie aussi du jeu impeccable de Josh Hartnett ("Pearl Harbor", "Le Dahlia noir"...) en père complice dont la façade craquelle peu à peu alors que le piège se resserre autour de sa personnalité finalement bien cernée, et surtout de la jeune Ariel Donoghue, formidable de naturel. Quant à Saleka Shyamalan (la fille du réalisateur), si elle s’en sort correctement niveau interprétation, on se dit que son père (qui apparaît comme à l’habitude dans un caméo, ici en incarnant son oncle...), en roi du marketing, a doublement bien joué en la mettant en avant en tant que chanteuse... alors qu’elle a elle-même écrit les chansons du spectacle de Lady Raven. Une manière de lancer en famille une carrière de chanteuse internationale ?

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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