TRALALA
Tralala, chabadabada : une légèreté à Lourdes
Surnommé « Tralala », un chanteur marginal vit dans la débrouille tout en continuant de rêver. Alors qu’il fait la manche avec sa guitare dans les rues de Paris, une mystérieuse jeune fille l’aborde. Avant de disparaître, elle lui adresse un conseil : « Surtout ne soyez pas vous-même ». À partir d’un maigre indice, Tralala, tombé sous le charme, part à Lourdes pour essayer de la retrouver…
Présentée pour la première fois en séance de minuit au Festival de Cannes, la nouvelle fantaisie des frères Larrieu (que l’on attendait impatiemment depuis "21 nuits avec Pattie" sorti il y a déjà 6 ans !) promettait d’apporter joie et folie avec une comédie musicale que l’on espérait décalée. Nos vœux ne sont que partiellement exaucés.
Le début est à l’image du film entier, dispersant de sympathiques répliques ou idées dans un joyeux bazar auquel on a du mal à accrocher pleinement. Problème supplémentaire : on comprend vite que le récit se déroule dans un présent récent, à cause de masques chirurgicaux couvrant les visages des figurants – et parfois aussi de la distribution principale. Comme l’histoire n’exploite guère ce contexte et que "Tralala" a plutôt la prétention de nous divertir, il est regrettable de nous rappeler si souvent cette atmosphère pandémique oppressante que l’on aimerait plutôt fuir l’instant d’un film !
Il y avait pourtant de quoi nous échapper du réel dans cette nouvelle proposition des Larrieu. Habitués à bousculer les normes sociales ou religieuses, les réalisateurs détournent gaiment le concept de miracle, qu’ils assimilent aux incroyables hasards dont sont parfois constituées les fictions, jouant avec les codes chrétiens (la mystérieuse jeune fille s’appelle Virginie et est habillée en bleu et blanc comme la vierge…). Ils recyclent facétieusement les motifs du retour du fils prodigue longtemps disparu et de l’usurpation d’identité, créant des coïncidences et des quiproquos tous aussi ahurissants les uns que les autres, articulés autour d’un personnage candide qui convient parfaitement à Mathieu Amalric. Le reste de la distribution est bigarré : Mélanie Thierry est magnétique, Josiane Balasko émouvante, Bertrand Belin trop monolithique, Denis Lavant plutôt agaçant, Galatéa Bellugi fadement béate…
Tenant également du vaudeville et de l’humour absurde, "Tralala" s’empare du côté kitsch de Lourdes, érigeant un nouveau pan de la filmographie pyrénéenne des frères Larrieu en délaissant pour une fois les montagnes qui leur sont chères. Pourtant, en voulant assumer une niaiserie au second degré (du moins le présume-t-on), le duo penche dangereusement vers de la naïveté premier degré et le rythme de leur film s’avère assez mollasson – un comble pour un film musical ! On passe malgré tout un bon moment, riant des énormités et des répliques inattendues.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur