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TOUTE RESSEMBLANCE…

Un film de Michel Denisot

Un film qu’on aura vite fait de zapper

Le quotidien de Cédric Saint Guérande, dit « CSG », est le présentateur préféré des Français au JT de 20h. Et il compte bien le rester, quel qu’en soit le prix…

Toute ressemblance film image

Michel Denisot, journaliste de métier, s’est improvisé metteur en scène et s’est mis en tête de nous montrer l’envers du décor du monde de la télévision, entre les guerres d’égos, les excès et la course à l’audimat, le tout saupoudré de sa propre expérience, longue de plus de 45 ans.

Malheureusement, si l’idée de base était prometteuse, le résultat, lui, est bien décevant. Le film suit donc le quotidien de Cédric Saint Guérande, un présentateur TV vedette, chouchou des français… et c’est à peu près tout ce que le film a à nous offrir. Le gros problème est que Denisot souhaite tellement nous montrer ce milieu particulier, qu’il en oublie de nous raconter une vraie histoire. On aura bien, de temps en temps, la vague impression de voir apparaître des enjeux, comme la dualité entre CSG et le PDG de la chaîne, ou encore les problèmes d’addiction (mais ceux-là sont toujours très vite résolus et sans prendre le temps de vraiment les développer). On a donc droit à une succession d’évènements sans réel fil conducteur, ni au niveau de l’histoire globale ni côté évolution des personnages.

Ces derniers sont d’ailleurs tellement caricaturaux qu’on n’entre jamais réellement en empathie avec eux. Même s’il ne sont jamais montrés comme de véritables salopards non plus, ne faisant pas d’eux des anti-héros. Leur plus gros problème est sans doute encore une fois à situer au niveau de leurs enjeux personnels, très mal traités et précipités. Ce qui fait, que si dans les faits à certains moments CSG et son acolyte sont en position de faiblesse, comme par exemple lorsque sa collègue arrive à avoir l’exclusivité d’une interview avec le nouveau président américain, CSG arrive à récupérer la situation dès le plan d’après. On ne craint donc jamais pour ce personnage, qui de toutes façons, même lorsqu’il est en difficulté, s’en sort finalement par les pouvoirs extraordinaires du cut, des ellipses et des facilités scénaristiques.

De plus, l’interprétation des acteurs est plus qu’oubliable, en particulier celle de Jérôme Commandeur, qu’on a vu en bien meilleur forme. Frank Dubosc ne s’en tire pas tellement mieux, puisqu’il cabotine en permanence, que ce soit dans son jeu à l’écran ou dans sa diction comme voix off. Côté mise en scène, pas grand-chose à se mettre sous la dent non plus. Denisot se contente la plupart du temps, de filmer l’action, sans plus, même si parfois quelques bonnes idées surgissent, notamment de montage, bien que trop fugace et parfois même peu efficace (comme le split screen téléphonique où l’on sent terriblement que les acteurs ne jouent pas entre eux).

Au final, on a plus l’impression de voir un melting-pot d’anecdotes (voire parfois de clichés) concernant le milieu de la télé, qu’un véritable film. Une déception lorsqu’on part d’un sujet aussi intéressant que celui-là. On aura donc vite fait d’oublier ce premier essai cinématographique de Michel Denisot, et d’espérer que son second (s’il voit le jour comme le souhaite ce dernier) soit meilleur. En attendant, pour explorer cet univers de manière beaucoup plus intéressante, nous nous tournerons plutôt vers la très bonne série HBO "The Newsroom" d’Aaron Sorkin.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

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