TOUT EST POSSIBLE

Le film de John Chester rend compte d'un rêve. Un rêve loin d'être facile. Si l'homme a l'humilité de montrer qu'il ne sait pas du tout ce qu'il fait quand il se lance dans ce projet faramineux, il a une maîtrise totale des images et de la narration qu'il déploie. Par le montage, il parvient aussi bien à créer de la tension dramatique que de véritables moments d'émotions. Les animaux sont magnifiquement filmés, avec tous les processus de documentaires animaliers : les plans macroscopiques, les ralentis, les caméras de nuit, etc. Les paysages sont sublimés par une lumière naturelle saisie lors de timelapses grandioses, et surtout, ce sont les couleurs qui frappent l'œil dans les plans les plus esthétiques. Le foisonnement de couleurs naturelles, celles des fruits, des plumes, des poils, de l'herbe, des arbres et de la terre, qui passe d'un marron sableux, sec et dur, à un moelleux beaucoup plus sombre, riche et plein de vie.

Très personnel, ce voyage, narré à la première personne, raconte le trajet du réalisateur et son investissement dans ce rêve qui n'est au départ pas le sien. Il raconte ses doutes, ses peurs, son désespoir, et ses moments de joie intense. Prenant la forme d'une réflexion, la dernière partie du film, une recherche de solution, explique l'évolution de la philosophie de l'homme qui réalise, devant ses yeux et les nôtres ébahis, qu'en sept années, tout peut changer et que tout est possible. Un problème est une solution potentielle, une astuce qu'il faut savoir voir. Si chaque solution fait de la place à un nouveau nuisible, l'exterminer n'est pas une réponse valable. La nature sait s'auto-réguler si elle trouve dans son environnement assez de diversité. Un pas de recul permet de transformer un problème en solution, quelle que soit sa taille.

Au final, "Tout est possible" s’avère un documentaire qu'on ne peut que recommander pour sa beauté, sa richesse et son intelligence. Un documentaire qui montre qu'une autre agriculture est possible et viable. Qui montre aussi, plus largement qu'un autre système est possible, mais qu'il faut accepter de tout remettre à zéro et d'abandonner une grande partie des croyance sur l'efficacité dictée par la société. La Terre est loin d'être morte, elle peut et elle sait se relever, si l'homme cesse de la détruire.