TOMBOY
Sans contrefaçon... je suis un garçon
La famille de Mickael et sœur vient tout juste d’emménager. C’est l’été, et le garçon se fait immédiatement des amis, dont une jeune adolescente qui semble le trouver particulièrement intéressant. Mais Mickael en réalité, s’appelle Laure…
Mickael-Laure n'est pas un garçon, il-elle s'invente une personnalité qui lui convient mieux, qui lui permet de jouer aux jeux qui l'intéressent, de côtoyer ceux ou celles qui l'intéressent. Mais ce genre de secret, très bien exploité par la jeune réalisatrice, est difficile à cacher, sur la durée tout au moins, générant une sensation de sursis permanent pour l’héroïne. La situation est forcément difficile à gérer, elle implique beaucoup d'imagination, ce que le scénario creuse à merveille, avec le souci du détail. Ne serait-ce que pour aller à la piscine, il lui faudra découper son maillot une pièce, ou se confectionner un pénis en pâte à modeler... Mais autant il semble facile d'influencer les « choses », de diriger les objets, autant il est difficile de contrôler les gens. Comme cette petite sœur, qui pourrait bien lâcher le morceau.
Filmés tout en douceur, les protagonistes de « Tomboy » évoluent dans l'insouciance de la jeunesse et dans la chaleur de l'été. Et Céline Sciamma (« Naissance des pieuvres ») de concocter une situation explosive sur laquelle est finalement assise toute la famille, tout en composant des portraits d'enfants et d'ados avec acuité, parmi lesquels on remarquera particulièrement celui de la petite sœur, plus chipie que nature, qui aime à dessiner le visage improbable de son aînée, à forcer les pièces du puzzle à rentrer dans un emplacement donné (on peut voir ici une belle parabole...) ou à renchérir dans la création de la légende de son frère « le bagarreur ». Si cela fait sourire, ce ne sera que peu de temps.
Car arrivera forcément un moment où les choses basculeront, pour le plus grand désespoir des parents, faisant face à leur propre incompréhension, à leurs propres peurs. Céline Sciamma a la bonne idée de donner au père (Mathieu Demy, troublant de calme contrarié) le rôle du plus compréhensif. Mais le film touche alors ses limites, en voulant trop porter un message de tolérance, il en oublie de parler réellement des conséquences, ne faisant que suggérer, et souvent qu'évoquer. Reste que « Tomboy » est une belle vision de l'enfance et du trouble adolescent, sujet déjà fétiche de sa réalisatrice.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur