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TOLSTOÏ, LE DERNIER AUTOMNE

Un film de Michael Hoffman

Pour le duo d'acteurs et la vision méconnue d'un auteur pourtant célèbre

Au début du 20ème siècle, durant les dernières années de sa vie, le célèbre écrivain russe Léon Tolstoï (« Guerre et paix ») est devenu la tête de file d'un mouvement aussi politique que religion, prônant le dépouillement et la moralité. Récemment anobli, il est près à renoncer à son titre et à céder ses droits au peuple russe, au grand désespoir de celle qui est son épouse depuis près de 50 ans, la comtesse Sofya Andreïevna, qui lui a donné treize enfants...

Ce film, signé Michael Hoffman (« Le club des empereurs », resucée bas de gamme du « Cercle des poètes disparus », « Un beau jour », bluette avec George Clooney et Michelle Pfeiffer), décrit les derniers mois de la vie de Tolstoï, dont les moteurs de la vie nous sont présentés en introduction par une successions d'écrits sur fond noir. L'on apprend ainsi qu'il est devenu le leader d'un « mouvement tolstoïen », et qu'il prône l'humaniste, rejette la propriété privée et son récent titre de noblesse, et envisagerait de céder les droits de ses écrits à ce mouvement. C'est là que l'on fait connaissance de Vladimir Chertkov (Paul Giamatti) qui engage le crédule Valentin Bulgakov (James McAvoy) dans le but d'espionner la petite famille et d'obtenir cette fameuse cession de droits.

Le scénario n'aborde finalement que très peu l'œuvre littéraire de Tolstoï, ni même son travail, pour se concentrer quasi-exclusivement sur les jeux d'influences qui se jouent autour de lui et de son héritage, que chacun sent de plus en plus proche. C'est bien là ce qui fait l'originalité du propos, mais aussi certainement toute la faiblesse de ce film, sans véritable rythme, se déroulant en quasi huis-clos dans la propriété du maître (pour sa première partie tout au moins). Son intérêt principal résidera donc dans l'incarnation de personnages enflammés, luttant chacun pour ses idées. Bien sûr, Christopher Plummer (vu récemment dans « Un homme d'exception » ou « L'imaginarium du Docteur Parnassus ») est impeccable, comme toujours, en indigne vieil homme, persuadé de suivre le bon chemin, sans jamais regarder en arrière, et plus préoccupé par sa postérité que par sa famille. Mais ce sont les personnages secondaires qui, au final, troublent le plus.

Il y a d'abord Helen Mirren, une nouvelle fois nominée aux Oscars l'an dernier pour sa prestation, impériale en femme mise peu à peu de coté, et qui tente de détourner à son profit les activités du nouvel assistant de son mari (Mc Avoy). Ses explosions de colères, ses suppliques démesurées, les humiliations qu'elle subit de front (elle sera coupée de son mari par l'une de ses filles) fournissent une intense matière à l'actrice anglaise. Son inquiétude, générée par une paranoïa grandissante, qui la dessert peu à peu, permet aux auteurs de poser en ses lèvres quelques dialogues finement écrits, faits de mots très durs, notamment envers sa fille, traduisant ainsi son manque de communication avec son entourage. Une mère digne et odieuse à la fois.

Au milieu de tous les intrigants, l'on suit principalement l'histoire de l'assistant, interprété par le brillant James McAvoy (« Reviens-moi », « Le dernier roi d'Ecosse »), incarnant formidablement la naïveté de l'auteur débutant. Fou d'admiration pour son mentor, il se retrouve facilement manipulé à souhait par de viles flatteries, du fait de sa position d'observateur. Ses petits carnets, que chacun lui remet pour prendre des notes à son profit, sont d'ailleurs source des quelques rares scènes comiques du film. Heureusement, Hoffman s'intéresse aussi à l'évolution de ce jeune puceau de la vie, qui s'enamourachera au passage de Mascha, une jeune et fraîche adhérente du mouvement tolstoïen. Cœur de toutes les manigances, son personnage est finalement le plus intéressant de tous, et le plus honnête visiblement.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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