TO THE MOON

Un film de Greg Berlanti

Une intelligente intrigue autour du vrai/faux alunissage de la Nasa

En 1957, le lancement réussi par les Soviétiques de Spoutnik marqua le début de la course à la lune. Pour les présidents américains successifs, il s’agissait de poser le pied sur celle-ci avant la fin de la décennie des années 60. Et pour obtenir l’adhésion de la population et des politiques, quoi de mieux que d’engager une experte en marketing, la redoutable Kelly Jones. Celle-ci est alors accueillie par le directeur de la mission, Cole Davis, ancien astronaute lui-même, qui l’avait croisée dans un diner, et était tombé sous le charme. Mais le fait qu’ils doivent travailler ensemble va changer la donne…

C'est une jolie surprise qui attend les spectateurs de "To The Moon", que cette comédie romantique sur fond de conquête spatiale et de manipulation politiques. Car point question ici de rouler des mécaniques à la façon Bruce Willis dans "Armageddon" ou Clint Eastwood et ses compères dans "Space Cowboys", même si Channing Tatum est sans doute trop monolithique dans son jeu : on est résolument ici dans le registre de la comédie, où les (magnifiques) images de décollages de fusée devront attendre 55 minutes pour Apollo 10 et pès de 1h40 pour Apollo 11. Et on est aussi ici dans une success story pur jus, à la fois pour la mission elle-même, avec des détails travaillés sur ses préparatifs, et pour cette spécialiste de la communication, forcée de préparer en douce un faux film sur l'alunissage, au cas où le véritable ne pourrait avoir lieu. Car en politique qu'y-a-t-il de plus essentiel que de préserver les apparences, surtout vis-à-vis d’un rival et du public ?

On voit alors parfaitement ce qui a pu intéresser Scarlett Johansson, elle-même coproductrice du film, dans ce rôle de femme indépendante et effrontée, jouant les troublions dans ce monde d'hommes qu'est la société des années 60. On s'amuse des attractions-répulsions entre les deux personnages, leurs missions respectives venant créer une tension dans leur rapprochement pourtant inéluctable. On adhère aussi sans problème aux différents ressorts comiques (l'accueil glacial dans les lieux, l'emploi de comédiens à la place des techniciens, l'utilisation du merchandising, la manipulation des sénateurs réticents à voter le financement du projet, la mise en place du studio pour le faux film et son réalisateur diva, certes un peu « too much »...). Faisant même allusion à plusieurs reprises à la participation de Kubrick dans cette entreprise, le scénario joue avec intelligence sur cette légende d'un atterrissage raté, remplacé par un film tourné en studios, tout en faisant un portrait au vitriol de l'administration Nixon. Et au final "To The Moon" s'inscrit dans l'été 2024 comme une comédie à gros budget, aux personnages intéressants, faute de s'avérer réellement attachants.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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