Festival Que du feu 2024 encart

TIREZ LA LANGUE, MADEMOISELLE

Un film de Axelle Ropert

Un manque cruel d'émotions

Boris et Dimitri sont frères. Étant médecins tout les deux, leur relation fusionnelle les a poussé à ouvrir un cabinet ensemble. Ils vivent donc constamment l’un à côté de l’autre. Et ce, jusqu’à ce qu’ils rencontrent Judith, la mère d’une de leur patiente. Ils tombent alors sous le charme de la jeune femme et commencent à s’éloigner petit à petit…

À la vue du synopsis, on pouvait attendre un film digne d'une tragédie grecque. Cette relation fusionnelle de deux frères qui est perturbée par l'arrivée dans leurs vies de Judith, une jeune mère un peu perdue, faisait alors un bon postulat de départ. Malheureusement, on est vite déçu. Pour commencer, par le jeu trop récité des acteurs qui nous donnent du mal à avoir de l'empathie pour leurs personnages. En effet, on sent que chaque ligne est écrite et jouée au millimètre, coupant ainsi court à toutes fantaisies de jeu et, pire, à toutes émotions.

Au final, ce sont ces émotions qui manquent le plus au film. On attend en vain des réactions de la part des personnages face à tout ce qui se déroule autour d'eux. Mais malheureusement, elles arrivent aux mauvais moments, à la base pour servir une sorte d'intrigue sur les sentiments de Judith, et elles rendent ainsi le récit parfois incompréhensible. De plus, le montage, assez sec, vient régulièrement couper des scènes immédiatement après la dernière ligne de texte de l'acteur, et ne laisse aucune place à ces émotions ou aux silences qui auraient pu servir le film.

Ce manque de sentiments dessert alors l'histoire. En effet, ce récit de deux frères se battant pour une même femme aurait pu donner lieu à des scènes fortes. Mais la réalisatrice a fait le choix de traiter leurs confrontations d'une manière plus légère et plus comique. Avec, par exemple, cette scène dans laquelle les deux docteurs se parlent par le biais d'un ami alors qu'ils sont à quelques pas l'un de l'autre. Ce problème vient alors jouer sur la crédibilité des situations. Comme pour les déclarations d'amour respectives des frères à Judith qui deviennent embarrassantes par leur simplicité. De plus, d'autres manques se font sentir au fur et à mesure du métrage. Que ce soit des liens entre les différents plans ou encore des précisions et de la profondeur sur les histoires personnelles de certains personnages, ce sont tous ces éléments qui rendent alors ''Tirez la langue, mademoiselle'' un peu plat. On sort donc de la salle avec les regrets d'une histoire qui aurait pu nous questionner et nous émouvoir.

Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteur

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