TIRAILLEURS
Une vraie déception, malgré l’hommage aux tirailleurs sénégalais
1917 au Sénégal. Alors qu’ils mènent paisiblement leur troupeau, Bakary voit son fils Thierno, 17 ans, capturé et assommé par des cavaliers militaires français. Il décide alors de s’engager volontairement dans l’armée française, afin d’aider celui-ci, enrôlé de force, à s’échapper. Mais sa tentative lui vaut de finir au trou. Intégrant un bataillon et envoyés ensemble au front, Bakary n’aura de cesse de tenter de protéger et de ramener Thierno au pays, sain et sauf…
Après son premier long, "La Vie en grand", passé par la Semaine de la critique en 2015, Mathieu Vadepied (directeur de la photographie sur "Sur mes lèvres" et sur les films de Nakache et Toledano depuis "Intouchables") a réalisé quelques épisodes de la saison 1 de la série d'Arte "En Thérapie". Le voici qui passe à un projet de plus grande ampleur, en s'attaquant à un sujet historique difficile et rarement abordé au cinéma : le traitement des tirailleurs sénégalais ayant intégré l’armée durant la Première Guerre Mondiale. Il était donc temps de leur rendre hommage, et la voie d’un grand drame intégrant une composante familiale, pouvait paraître parfaitement adaptée.
Film d’ouverture de la section Un certain regard, "Tirailleurs" aura cependant mis bien longtemps à trouver le chemin des salles, suite à la fraîche réception du film à Cannes. Globalement la reconstitution est honorable en termes de représentation des combats et des horreurs de la guerre, des tensions entre communautés (vols, mépris...), ou du trait d’union constitué par la langue Peul, et même en termes d’interprétation. Mais qu’il s’agisse de montrer la proximité de la nature dans des premières scènes très « carte postale » (par la présence d’un renard, dont le pendant apparaîtra, prisonnier de barbelés entre les tranchées...), d’aborder les espoirs d’intégration (qu’on sait forcément trahis), ou d’une conclusion dont le sens même (malgré la bonne intention) en rend le message trop appuyé, le métrage n’évite pas les lourdeurs, notamment en termes de symbolique. Seuls finalement le trajet d’émancipation du fils et l’évolution de la complicité avec son père, seront les éléments réellement positifs qu’on retiendra.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur