TINNITUS
La troublante trajectoire d’une femme libre
Marina s’apprête à réaliser avec sa partenaire Luisa, son dernier plongeon pour la médaille de bronze des Jeux Olympiques de Rio. Mais, victime d’acouphènes, le saut se transforme, pour elle, en accident. Quatre ans plus tard, employée comme sirène dans un aquarium, elle participe à un groupe de soutien, et vit désormais avec un médecin, le Docteur Santos, qui expérimente sur elle un médicament novateur…
"Tinnitus" met en scène une jeune femme éloignée de ses rêves d’accomplissement par de soudaines crises d’acouphènes, qu’elle combat à l’aide d’un traitement supervisé par son compagnon. Aidée dans sa démarche par un groupe de soutien, au sein duquel les cas et la manière de vivre ce phénomène, semblent bien différents d’une personne à l’autre, elle va se rapprocher à nouveau du milieu de la compétition, mais aussi des attirances qu’elle semble avoir délaissé. Entre rivalités, triangle amoureux, domination masculine, Gregório Graziosi et son co-scénariste Marco Dutra (réalisateur de "Todos os Mortos" et "Les Bonnes Manières") font le portrait d’une femme libre, prête à d’étranges extrêmes pour vivre pleinement.
Parabole sur les influences conservatrices masculines du moment, le film vaut surtout pour l’ambiance qu’il installe, grâce à ses interprètes féminines et au travail sur le son, suggérant l’imminence d’une attaque d’acouphène tant redoutée, et à une mise en scène qui fait une part non négligeable au contemplatif. Les plans symétriques du début, représentant le cadrage implacable de la compétition, sont entrecoupés de pauses ou respirations plus intimes, centrées sur la relaxation ou l’inquiétude. Plus tard, un fond de piscine fendu, vient symboliser l’état de Marina dans sa nouvelle existence. À l’approche des JO de Tokyo, les rêves se mélangent aux flashs infos, rappelant le trauma à surmonter. Quant au son, il va et vient, étouffé, résonnant à la façon d’une radio, allant du sifflement au gémissement, pour mieux nous rapprocher du ressenti d’une « héroïne » peu commune.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur