Festival Que du feu 2024 encart

TIGER STRIPES

Un film de Amanda Nell Eu

La pression sociale, dès le plus jeune âge

Dans un village de Malaisie, Zaffan, 12 ans, aime à traîner avec ses amies Mariam et Farah. Elle aime à provoquer un peu sa mère comme ses copines, quittant son voile et en montrant le soutien gorge qu’elle s’est procuré. Mais alors qu’elle a ses premières règles, d’étranges phénomènes commencent à se produire. Non seulement elle est la seule à voir une femme aux yeux brillants roses qui l’observe depuis des arbres, mais elle doit aussi s’arracher de gros poils noirs et s’enlever ses ongles qui se décollent…

'Tiger Stripes

Gagnant du Grand prix de la semaine de la critique à Cannes l’an dernier, "Tiger Stripes" est un film d’émancipation féminine qui prend d’étranges chemins. Car ce qui n’était en apparence qu’un récit de passage à l’âge adulte, se transforme en parcours teinté de fantastique, dans lequel une jeune femme, Zaffan, qui a ses premières règles, tente d’affirmer sa liberté entre une mère castratrice, des camarades de classes reproduisant un contrôle social, et des hommes jouant sur la religion et les superstitions pour maintenir leur domination sur le corps comme l’esprit de la femme. De jeux innocents avec une tenue légère ou un soutien gorge, c’est en victime de harcèlement puis en sujet d’un prétendu exorcisme, que la pression sociale, devenant violence, transforme celle qui ose agir différemment.

Car sans doute encore aujourd’hui dans la société malaisienne, comme dans d’autres, la femme libre fait peur, et est donc logiquement mise à la marge. Et c’est ici dans la figure du tigre, animal indépendant et féroce, que les 3 amies voient sur une vidéo au début du film, que la volonté de liberté de Zaffan trouve peu à peu son expression. L’utilisation d’une musique rythmée, aux élans synthétiques et aux basses dominantes, vient rajouter à l’aspect moderne de ce film aux couleurs affirmées, soulignant les soudaines bouffées d’oxygène qui s’emparent de l’héroïne. Un joli coup de griffes dans une société où les jeunes filles n’ont sans doute pas envie d’être si sages.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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