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THUNDER FORCE

Un film de Ben Falcone

Un duo séduisant pour un scénario malheureusement minimal

En 1983, des rayons cosmiques ont provoqué des mutations chez certains humains, donnant naissance à des psychopathes surnommés les Malfaisants, qui utilisent leurs pouvoirs pour semer le chaos. Emily, jeune Afro-Américaine dont les parents chercheurs sont décédés à cause d’eux, a juré de poursuivre leurs recherches, une fois grande. Au collège, elle fait la connaissance de Lydia, une looseuse plutôt sympathique avec laquelle elle devient vite complice. Mais une fois à la fac, les deux jeunes femmes s’éloignent, Emily préférant se consacrer entièrement à ses études et devenant au final une chercheuse riche, à la tête d’un grand laboratoire. Des années plus tard, constatant l’absence de son ex-amie d’enfance lors d’une soirée d’anciens élèves, Lydia décide de débarquer au laboratoire, bien décidée à renouer avec Emily. Mais un accident se produit alors…

Thunder Force film movie actrices Melissa McCarthy, Octavia Spencer

On se réjouissait d’avance de voir ce que pouvait donner la rencontre entre les deux actrices en vogue que sont Melissa McCarthy et Octavia Spencer. Car mettre face à face une reine de la comédie, aux personnages souvent natures et graveleux, se jouant de leur surpoids, comme Melissa McCarthy (attachant second rôle dans "Mes meilleures amies", et dont on avait même apprécié le bagou dans le remake féminin de "S.O.S. Fantômes" ou en coéquipière d'une marionnette dans "Carnage chez les Puppets") et Octavia Spencer, actrice afro-américaine embarquée depuis des années dans des productions historiques engagées ("La Couleur des sentiments", "Les Figures de l'ombre") comme des films d’horreur ("Ma"), promettait un mélange explosif.

Malheureusement toute la tenue et la retenue du personnage d’Octavia Spencer, qui s’est ici fait piquer la moitié de ses pouvoirs par l’envahissante ancienne amie (en gros elle a eu la dose pour devenir invisible, mais l’autre a eu celle pour devenir particulièrement forte) se retrouve rapidement écrasée par la présence de celui de Melissa McCarthy, boulimique de répliques, prenant progressivement toute la place, même dans les quelques scènes d’actions. N’espérez donc pas un film de super-héroïnes original, le scénario étant réduit à un affrontement minimal en seulement deux rounds entre un méchant politicien affublé d’une bande de mutants, et les deux femmes engoncées dans leurs costumes puants car « non lavables ». Si les effets spéciaux restent de bonne tenue, les rebondissements sont rares, l’intrigue étant phagocytée par le one-woman-show de Melissa McCarthy, qui semble parfois en roue libre.

Au milieu de ce blockbuster tiède subsistent tout de même quelques bonnes idées, comme les bras mutants du méchant « The Crab », interprété avec enthousiasme par Jason Bateman, qui donnent lieu à tout un tas de gags qui vous apportent forcément un sourire. Mais le tout reste bien décevant, malgré une mise en scène qui tente l’allusion aux comics (avec par exemple le montage chapitré de l’entraînement de Lydia), le féminisme détourné (la discussion hallucinante sur l’équipe des Chicago Bears...) et quelques allusions cinéphiles (à "Elephant Man" entre autres). Si quelques répliques semblent aussi vouées à devenir cultes lors de soirées nanars (« cette voiture [violette] me donne envie d’ovuler » donne le ton), "Thunder Force" ne devrait définitivement pas marquer l’année cinéma 2021.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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