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THIS IS ORSON WELLES

Citizen Welles

Ce documentaire présente en 50 grosses minutes la carrière cinématographique – mais pas que – de celui que nous connaissons tous au moins pour le film "Citizen Kane". Ses réussites, ses regrets, ses échecs et sa vision, tout y est présenté.

52 minutes pour couvrir tant de richesses ? Et bien le pari est réussi ! Mêlant extraits, photographies, interviews du principal intéressé, de sa famille et de ses proches (notamment sa fille), ainsi que de ses pairs (comme Martin Scorsese et Peter Bogdanovich), "This is Orson Welles" fait passer le message et nous éduque ou rafraîchit la mémoire des plus anciens.

Il existe des acteurs intemporels qui ont marqué l’histoire du septième art – de par leur prestation et leur génie – et qui la marqueront pour bien des décennies encore ! Des réalisateurs également, des têtes bien pensantes et bien sur les épaules – mais pas trop –, aujourd’hui inoubliables. On pourrait mentionner les producteurs aussi, trop souvent effacés voir même oubliés ; pourtant ils sont des charnières clefs : parfois dotés d’un flair unique, il font le lien entre une bonne idée de base et la projection dans nos salles.

Orson Welles était ces trois hommes à la fois et même plus ! Animateur de radio (ce qui l’a fait connaître) et bien sûr écrivain, Mr. Welles vouait un culte sans limite au monde du cinéma. Malheureusement, ce que le documentaire nous montre notamment, est un parcours plutôt chaotique, mêlant frustration et rejet. Rejet de son public américain (à l’instar de l’Europe) et désolidarisation de ses investisseurs ou distributeurs vis-à-vis d’un artiste sans doute trop avant-gardiste, présentant des oeuvres peut-être trop vraies ou trop sombres pour l’époque.

Chose remarquable, Orson Welles avait parfaitement conscience de cela et avait aussi en tête l’idée (qui s’avèrera juste par la suite) qu’il connaîtrait un succès incontesté, plus tard, sans doute après sa mort... dans une autre époque. Les Kuperberg maîtrisent bien le fond sans vraiment apporter de l’originalité à la forme... Et c’est, peut-être, son point faible. Même si les temps morts sont absents, on regrettera un format sans audace et des enchaînements à l’esthétique industrielle.

Et nous n’aurions pas boucler la boucle sans évoquer une dernière corde à son arc : sa passion pour la magie. En effet, enfant comme adulte, il aspirait à présenter ses tours à ses amis ou sa famille mais n’a jamais rencontré le succès escompté (Henry Jaglom l’aidera néanmoins à vivre sa passion en quelque sorte, en lui attribuant un rôle de magicien dans "Un coin tranquille"). C’est finalement l’histoire de sa vie, comme beaucoup de peintre ou de compositeurs, qui n’ont connu qu’un réel succès post-mortem.

Pour lui ce qui était important, c’était le message et l’authenticité. Mais malheureusement, comme il le soulignait lui même : « Le cinéma, c’est 2% de création et 98% de prostitution... ». Aujourd’hui encore, en 2015, – il aurait fêté ses 100 ans – Orson Welles reste pour beaucoup celui qui a révolutionné le cinéma. Et nous saluons bien haut son audace ! Merci Monsieur Welles !

Jean-Philippe MartinEnvoyer un message au rédacteur

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