Festival Que du feu 2024 encart

THELMA, LOUISE ET CHANTAL

Un film de Benoît Pétré

Un cap à passer, plus dans sa tête qu'en réalité

Gabrielle et Nelly embarquent Chantal au mariage d’un ex à La Rochelle. En voiture, elles vont faire le voyage, partageant quelques moments ensemble, et révélant leurs faiblesses…

Cette comédie avait le don d'intriguer, de par son titre, mais surtout parce que c'était l'occasion de retrouver sur grand écran, réunies, trois actrices qui se font de plus en plus rares au cinéma. Et dans le fond, on pouvait saliver à l'idée de cette cohabitation de trois femmes confrontées à l'image qu'elles ont d'elles-mêmes, renvoyée parfois par des enfants un peu ingrats, ou par des hommes qui n'ont su rester dans leurs vies, trois femmes qui vont devoir se réinventer une vie de cinquantenaires, pour pouvoir de nouveau avancer. Mais une bonne idée de départ et un bon casting ne font pas forcément un bon film.

Si le parallèle avec « Thelma et Louise » de Ridley Scott amuse, il ne fait pas long feu. A peine retient-on qu'il s'agit là d'une virée entre filles, qu'elle se termine au bord d'un « mini » ravin, qu'un vieux paysans sur son tracteur imite les mimiques du routier avec sa langue, et que le personnage de Jean-Pierre Martins (« La môme »...) s'appelle Brad Pitt. Mais cela reste un hommage anecdotique sous forme de road movie faiblard. Du coup, le spectateur tente de s'intéresser à ces trois personnages féminins, pris au milieu d'un parcours et de rencontres qui révèlent leur personnalité, leur passé et forcément leurs failles. Si l'aspect comédie tombe à l'eau de manière régulière, la faute à la plupart des dialogues, qui sonnent faux, l'ancien membres des Quiches (de Canal +, ayant réalisés « Foon ») Benoît Pétré, réussit cependant à émouvoir dans les quelques moments dramatiques du récit.

Évoquant les souffrances, les doutes, les regrets, les manques de chacun de ses personnages féminins, il plante le décors d'un malaise que l'amitié permettra de dépasser. Ainsi, Jane Birkin peine à cacher ses regrets lorsqu'elle regarde tendrement une famille heureuse, en train de s'amuser sur l'autre rive d'un cours d'eau ; Catherine Jacob enterre ses souvenirs lorsqu'elle aperçoit le cadavre d'une Deux Chevaux verte dans une casse ; et Caroline Cellier se retrouve étourdie, saoulée de bruit, alors qu'elle veut toujours danser comme quand elle avait 20 ans. Mais ces passages touchants ne suffisent pas à équilibrer un film, où hormis les gags autour des cendres de chiens ou de celui situé dans une glacière dans le coffre de la voiture, et la rencontre avec un jeune canadien gay, rien ne fonctionne vraiment.

Parmi les trois actrices, une seule s'en sort réellement, forçant la crédibilité. Il s'agit de Catherine Jacob, révoltée contre son mari qu'elle sait avec sa maîtresse, et qui fait le voyage dans un objectif bien précis. Sa saine colère pourrait bien trouver écho chez certaines spectatrices. Caroline Cellier semble elle totalement ailleurs, ne regardant quasiment jamais directement ses partenaires de jeu, et semblant sous influence de bout en bout. Quant à Jane Birkin, elle est carrément en roue libre, maladroite et désordonnée, à l'image d'un cliché exagéré d'elle-même. Restent les compositions musicales de Keren Ann et les reprises réorchestrées de classiques tels « Vous les copains, je ne vous oublierai jamais » par Vanessa Paradis, ou « La plus belle pour aller danser » par Chris Garneau, qui impriment quand même un rien de nostalgie sur ce film bancal.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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