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THE WALL STREET PROJECT

Un film de Kim Nguyen

Rêve capitaliste à hauteur d'homme

S’il y a une chose que Vincent sait faire, c’est parler, et il a un rêve, relier le Kansas à la bourse de New York en une ligne droite de fibre optique et ainsi gagner une précieuse milliseconde sur le temps de calcul des échanges financiers actuels. De quoi le rendre, lui et son cousin Anton, génie de l’informatique, extrêmement riches. Mais ce projet pharaonique doit faire face à la difficulté du terrain et à la course qui oppose les deux hommes et leur ancienne patronne Eva Torres, pour la domination du marché…

The Wall Street Project film image

Sortie le 9 avril 2020 en VOD
durant la période de confinement liée au Covid 19

The hummingbird est un colibri, cet oiseau minuscule qui est le seul capable de voler sur place et même de reculer. Son battement d'ailes est invisible à l'œil nu car il est de l'ordre du millième de seconde. Et une milliseconde, c'est justement ce que cherchent à gagner Jesse Eisenberg et Alexander Skarsgård dans ce film présenté au Festival de Deauville 2019. Une milliseconde qui peut les rendre riches dans le monde extrêmement compétitif de la finance internationale.

Le colibri est mentionné dans une scène qui permet de comprendre l'enjeu du film de manière très simple et incarnée, autour de producteur de citrons. C'est ce côté prosaïque qui donne toute sa force au film. En effet, malgré un pitch très théorique, Kim Ngyuen se concentre sur les hommes qui travaillent autour de l'invisible des échanges financiers qui transitent numériquement.

À partir du moment où l'instantanéité est mesurée, l'incarnation commence. Il y a ceux qui travaillent dans les bureaux, aussi bien les courtiers que les ingénieurs et inventeurs qui tentent de construire des systèmes de transmission d'informations toujours plus rapides, les patrons, comme Eva Torres (jouée par Salma Hayek), qui partent à la recherche de cerveaux pour développer ces systèmes. Sur le terrain, il y a les gens comme Mark Vega, un chef de chantier, et tous les ouvriers qui travaillent, avec leurs différentes spécialités, dont une femme experte en forage complexe. Le réalisateur incarne son film par cette galerie de personnages, avec également un vrai temps consacré aux gens chez qui le chemin de fibre optique va passer : de l'Américain moyen à la communauté Amish.

L'autre surprise du film est celle des paysages. En effet, le film est très peu urbain et s’aventure dans des contrées reculées de l'Amérique, au cœur de paysages naturels rarement filmés et inaccessibles. Enfin, ce qui fait la force de "The Hummingbird Project", c'est son casting, tant de manière individuelle que collective. Jesse Eisenbeg, avec son débit de parole effréné, colle parfaitement à la peau de l'obsessionnel Vincent, qui est prêt à tout pour mener à bien son projet. Alexander Skarsgård, à contre emploi, joue parfaitement le geek introverti qui peine dans les relations sociales et qui est à sa manière, tout aussi obsessionnel que Vincent. Salma Hayek campe un rôle complexe d'antagoniste riche, dont le spectateur comprend les motivations. Et Michael Mando, très humain, fait le lien entre Jesse Eisenberg et les ouvriers, à la fois comme collègue et comme ami. Ce groupe de quatre fonctionne à merveille, chacun venant apporter une nouvelle nuance dans le jeu des autres.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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