THE SURVIVAL OF KINDNESS
Ce qu’il restera d’un monde raciste
Une femme noire, indigène, est abandonnée dans une cage en plein désert australien. Le jour, elle subit le soleil implacable, la chaleur et se trouve menacée par la présence de scorpions. La nuit, elle subit le froid, et tente quelques prières sous le ciel étoilé. Persévérante, elle parvient à rompre une tige de métal, dont elle se servira comme tournevis pour s’échapper…
Auteur australien abordant des sujets souvent dérangeants, Rolf De Heer a été célébré dans les années 1990, avec des films comme "Bad Boy Buddy", portait d'un enfant séquestré pouvant enfin sortir, "La Chambre Tranquille", vision du divorce à hauteur d'enfant, ou "Dance me to my Song" autour des amours d'une handicapée. Plus intéressé par la suite, par place des aborigènes australiens, il fera de l'acteur David Gulpilil, récemment décédé, son acteur fétiche, dans les années 2000, avec "The Tracker", "10 canoés, 150 lances et 3 épouses" ou encore son dernier film, en 2013 : "Charlie's Country".
Avec "The Survival of Kindness" (un titre presque ironique), présenté en compétition au dernier Festival de Berlin, Rolf De Heer nous entraîne dans une fable sur la survie et l'émancipation du peuple aborigène. Dans un monde semi-désertique, sublimement mis en valeur par la photographie signée Maxx Corkindale, ce sont les séquelles de l'esclavage, du racisme, de l'autoritarisme qui entourent l'héroïne silencieuse. Cette dystopie aussi étrange que par moments incompréhensible, convoque aussi l'idée de calamité écologique, les villes sont en ruines, les hommes croisés étant porteurs de masques à gaz, et les fourmis, réfugiées dans des crevasses n'ayant comme nourriture qu'elles-mêmes. Un film rude et bizarrement poétique, dont la conclusion pessimiste ne saurait laisser indifférent.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur