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THE SOUVENIR – PART I

Un film de Joanna Hogg

La première partie d’un diptyque virtuose

Julie, une jeune étudiante en cinéma, rencontre le beau Anthony. Totalement sous l’emprise de cet homme charisme, elle ignore complètement les mises en garde de son entourage, au point de s’enliser dans une relation toxique…

The souvenir - part 1 - film movie

À une époque où les films s’affranchissent des frontières géographiques, il est rare de découvrir une grande cinéaste sur le tard. C’est pourtant le destin réservé à Joanna Hogg, la soixantaine passée, et dont les trois premières œuvres étaient restées inédites chez nous. Quelle n’est alors pas la stupéfaction, lorsque l’écran s’allume, de se voir autant saisi par une mise en scène éblouissante, par cette délicatesse scénaristique refusant le moindre artifice. L’histoire est pourtant des plus banales : l’idylle entre une femme encore trop jeune pour ne pas s’abandonner à une candeur romantique, et un homme plus vieux, dont le charisme de dandy laisse planer le doute d’un comportement futur plus toxique. Mais lorsque la réalisatrice s’empare de cette intrigue, inspirée de sa propre histoire, aucun sentiment de déjà-vu, plutôt la sensation d’assister à une expérience que seul le 7ème Art peut nous offrir.

Immense leçon d’esthétisme (le titre emprunté à Fragonard n’est pas galvaudé), "The Souvenir" est une ode elliptique à la pudeur, retraçant le fil de l’existence de son autrice avec un onirisme parfaitement maîtrisé, sublimant le réel avec épure. De cette poésie dont peu de metteurs en scène peuvent se targuer, Joanna Hogg en fait l’essence même de son projet, s’abandonnant complètement à la puissance du medium cinématographique, à l’image de sa protagoniste. Si cet opus initial est légèrement moins virevoltant que le suivant, cette proposition expérimentale est une claque malgré la douceur de son rendu, mais aussi la révélation d’une actrice, Honor Swinton-Byrne, incandescente dans le rôle principal. Peu importe la densité de votre agenda, il est presque du devoir de chacun de se réserver quatre heures pour se plonger dans les deux volets de cet exercice de style sensoriel. Vous ne le regretterez pas !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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