THE SILENCE
Sans un bruit (bis)
Lors d’une exploration, des spéléologues libèrent des vespidés, des sortes de chauve-souris inconnues qui vivaient enfermées sous terre. Aveugles, ces créatures voraces ont une ouïe hypersensible et attaquent toute source sonore qu’ils détectent. Hugh et sa famille, habitués au langage des signes grâce à la surdité de la fille aînée, vont tenter de survivre dans un monde qui a basculé dans le chaos…
Sortie le 10 avril 2019 sur Netflix
Quiconque a vu le très réussi "Sans un bruit" de John Krasinski en 2018 risque d’avoir une grosse impression de déjà-vu avec ce film Netflix. Les similitudes sont même tellement troublantes qu’on est tenté de croire au plagiat. Pourtant, "The Silence" est adapté d’un roman de Tim Lebbon édité en 2015. À moins que l’écrivain n’ait eu vent des projets de scénario de Krasinski (dès 2013), ce n’est a priori pas sur ce terrain que l’on pourra critiquer le film réalisé par John R. Leonetti (qui a notamment été aux commandes du premier "Annabelle").
En revanche, il n’y a pas d’hésitation à avoir sur la mise en scène : on n’est pas du tout au même niveau que celle de Krasinski. Leonetti ne parvient jamais à trouver un style cohérent, alternant quelques bonnes séquences avec des tonnes de stéréotypes. Le respect du silence était relativement strict, voire radical, dans "Sans un bruit", alors que "The Silence" s’autorise bien plus de variations sonores, avec une crédibilité toute relative. De même, la surdité de l’adolescente est exploitée de façon très irrégulière et globalement décevante, à mille lieues de l’utilisation ingénieuse de cette même caractéristique dans le film de Krasinski. Et si l’on pouvait déjà être intrigué par le fait que la famille de "Sans un bruit" continuait de bénéficier d’électricité dans leur ferme, il y a de quoi être bien plus perplexe en voyant que la jeune Ally trouve régulièrement un moyen de se connecter à Internet sur sa tablette !
Si tout n’est pas à jeter, le manque d’homogénéité et la faible inventivité conduisent plutôt à un échec. Parmi les atouts, on peut citer le design des créatures, le personnage de Stanley Tucci (au-dessus du lot côté interprétation), qui ne verse pas trop dans le cliché du père lambda devenu héros, ou encore les dérives sectaires de certains survivants, avec un détournement assez original du traditionnel vœu de silence. Malheureusement, ce dernier aspect donne aussi lieu à une résolution expéditive qui conduit à un épilogue aussi stéréotypé que bâclé. Quitte à rester sur Netflix, on préfèrera largement se reporter sur "Bird Box", qui développait un concept similaire avec un réel talent.
Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur