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THE SHAMELESS

Un film de Konstantin Bojanov

La femme marchandise

Renuka, prostituée, s’enfuit du bordel de Delhi dans lequel elle travaille, laissant derrière elle le cadavre d’un homme en sang. Réfugiée à Chhatrapur, elle loue une chambre à une femme qui lui demande un supplément de 50 roupies pour chacun des clients qu’elle ramènera. Ici, alors qu’elle attend l’opportunité de passer aux Philippines, elle va faire la connaissance de Devika, une jeune fille de 17 ans, avec laquelle elle devient amie…

"The Shameless" est le nouveau film du réalisateur bulgare de "Avé", Konstantin Bojanov. Film indien percutant, aussi chaleureux dans les couleurs qu’il arbore (les teintes rouges du bordel d’où le personnage s’enfuit, les couleurs chaudes de la nuit…) que glacial dans le traitement dont font l’objet les deux femmes dont la complicité va ici se développer au fil du récit. Incarnée avec puissance par Anasuya Sengupta, Renuka est une figure de femme indépendante, qui malgré son métier, aspire à se passer des hommes, introduisant ici le sujet encore tabou en Inde de l’homosexualité, la naissance d’une idylle entre les deux femmes déclenchant des réactions violentes de la part de la communauté comme des proches.

Au-delà de ce sujet, c’est en réalité la place de la femme, comme marchandise que l’on exploite, qui fait l’objet de toutes les maltraitances, et que même la famille vend au futur mari le plus offrant, qui est ici traité. La manière dont la jeune Devika, interprétée avec délicatesse par Omara Shetty, a tenté d’éviter un mariage arrangé est de ce point de vue hautement significative et fait froid dans le dos. En choisissant une tonalité proche du thriller, Konstantin Bojanov insuffle une certaine fièvre à cette tentative d’échappée d’un monde dominé par les hommes, sous l’ombre du contrôle social et d’une police et de politiques corrompus, et où des visions éprouvantes (les draps envahis peu à peu par le sang...) viennent rajouter au malaise. Une histoire résolument sombre et désenchantée qui vise à mieux souligner la nécessité d’émancipation de la femme.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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