THE RENTAL
Sauvé par la photo
Charlie et Michelle, Mina et Josh ont loué une maison sur les falaises pour un week-end. C’est Taylor, le frère du propriétaire, qui les accueille. Étrange et malsain, l’homme ne leur laisse pas une bonne impression. Alors quand, le lendemain, Charlie et Mina découvrent qu’ils ont sans doute été espionnés, et que Taylor refait une apparition, la tension monte d’un cran…
"The Rental" est le premier long métrage de Dave Franco. On dit sur les premiers films deux choses très différentes : la première est qu’ils contiennent en germes toutes les obsessions et la carrière future d’un auteur, la deuxième est que souvent mal dégrossis, les premiers films sont pétris d’hommages pas toujours très adroits à des grands maîtres dont les films sont devenus les jalons du genre.
Il ne faut pas se mentir, "The Rental", s’il affirme un certain sens de l’esthétique chez Dave Franco, et pourquoi pas un amour du genre, est avant tout un film qui s’inscrit dans la deuxième catégorie, qui cite à outrance Carpenter comme maître du slasher, mais qui a du mal à comprendre que la force d’"Halloween" ne réside pas dans sa mise en scène soignée et dans son tueur au couteau, mais dans ce qu’il dit de la banlieue et d’une certaine jeunesse américaine désabusée soudainement attaquée, en son sein, par le mal lui-même, profond et sans fondement. C’est de l’espace et l’essence du mal, de la gratuité de la violence acharnée et aveugle, que naît la peur d’une génération coincée entre deux guerres, dans l’espace « factice » de la banlieue.
"The Rental", après une pénible présentation de personnages s’étalant sur près d’une heure, les évacue complètement pour proposer un jeu de massacre vide de sens, de justification et de logique. Si leur vacuité peut-être pardonnée, car ils sont avant tout de la matière pour un tueur, mais dans ce cas là, à quoi bon les présenter de la sorte. Et c’est finalement l’illogique du comportement du tueur lui-même qui est la plus aberrante. Le film n’est pas assez prenant pour que les grosses ficelles et failles du scénario ne soient pas apparentes et que le spectateur se laisse réellement happer. Il ne faudra pas non plus être trop regardant sur l’épilogue du film, avec le retour d’un personnage que l’on croyait disparu et une ouverture, musicale, qui enfonce des portes ouvertes.
Un coup dans l’eau donc. Peut-être que Dave Franco, s’il souhaite poursuivre dans cette voie du genre, devrait aller taper à la porte de Blumhouse, la maison qui ne fait certes pas des films aussi léchés que celui-ci, mais qui a le mérite, malgré des histoires parfois un peu faibles, d’avoir dans chacune de ses productions une force de proposition, ce dont "The Rental" est dénué. Le tueur du Air BnB, pas très vendeur, pas très prenant.
Attention, "The Rental" n’est pas un mauvais film, vous n’allez pas passer un mauvais moment, ni regretter de vous être déplacé, mais vous serrez sans doute déçu et pris un peu au dépourvu car en tant que spectateur, vous vous serez investis pour un retour qui ne pourra correspondre à ce que cette histoire vous a promis. Vous pourriez donc aussi attendre que ce film sorte en VOD pour le regarder chez vous, avec la possibilité de zapper dès que possible. En faisant cela, vous laisserez sans doute à Dave Franco le temps d’apprendre à raconter une histoire où les personnages ne sont pas des types et où leur présence sert réellement l’action plus que de la soutenir vaguement.
Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur