THE POD GENERATION
La fin du débat sur l’œuf et la poule
Dans un futur proche, une entreprise propose aux femmes une grossesse simplifiée en portant l’enfant dans un POD. Si Rachel est tout de suite séduite par cette idée, Alvy, botaniste et plutôt réfractaire à ces nouvelles technologies, hésite plus. Mais il va se laisser convaincre, et plonger alors dans une drôle d’expérience…
Cela fait huit ans que nous n’avions plus entendu parler de Sophie Barthes, suite à son adaptation pas franchement mémorable du roman de Gustave Flaubert, "Madame Bovary", avec Mia Wasikowska dans le rôle-titre. Néanmoins, les cinéphiles les plus aguerris se rappelleront probablement que la cinéaste franco-américaine avait débuté avec une œuvre satirique de SF, "Âmes en stock", qui plongeait Paul Giamatti dans un monde où il était possible de se délester de son âme. Avec ce premier film, "The Pod Generation" partage une culture de la critique de nos dérives par le prisme de l’humour.
Dans cette nouvelle société que la réalisatrice imagine, la nature a complètement disparu de notre quotidien, quasiment toute végétation ayant été remplacée par des substituts artificiels. Forcément, Alvy, botaniste de profession, a bien du mal à trouver sa place dans ce nouveau macrocosme. Lorsque sa femme se voit offrir par son entreprise l’opportunité de recourir à un POD de grossesse, celui-ci est d’abord dubitatif avant de se laisser séduire par l’idée. En inventant ses œufs géants façon Tamagochi pour permettre aux femmes de connaître une grossesse simplifiée, le métrage pose des questions morales et éthiques moins binaires que pourraient le laisser penser l’atmosphère sarcastique de l’ensemble.
Il est alors simple de dénoncer ces utérus synthétiques externes, symbole d’une marchandisation des corps et des abus toujours plus excessifs des technologies. Mais cette innovation pourrait aussi être vue comme un moyen de permettre à la gent féminine d’éviter une quelconque discrimination professionnelle et de s’affranchir des moindres complications. Évidemment, "The Pod Generation" n’a pas l’ambition de répondre à un tel dilemme, mais se contente de poser, avec une certaine ironie jouissive, de tels enjeux. Chronique dystopique pour certains, évolution inéluctable pour d’autres, cette comédie dramatique trouve une résonance particulière en cette période de surmédiatisation des avancées sur l’intelligence artificielle.
Si l’univers riche du film séduit, et si les deux comédiens livrent une prestation plus que convaincante, on pourra regretter les hésitations scénaristiques entre la romance saugrenue et le pamphlet caustique. En résulte un objet hybride à la frontière des genres, dont l’impact de certaines séquences est annihilé par ce mélange pas toujours réussi. Peut-être trop sage et trop lisse pour marquer les esprits, ce récit d’émancipation a au moins le mérite de détonner et de développer une esthétique féconde. Largement suffisant pour aller affronter les supposées punaises de lit des salles obscures !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur