THE MARVELS
The Marvels : anatomie d’une chute
Kamala Khan, plus connue sous le nom de Miss Marvel, continue d’essayer de combiner sa vie d’adolescente et ses activités super-héroïques. Ce quotidien se voit perturbé lorsque Carol Denver alias Captain Marvel est propulsée à ses côtés pour une aventure spatiale qui risque bien de faire s’entrechoquer différents espaces temps…
Après une trentaine de films et ô combien de séries spin-off, dérivées, suites, préquels, Marvel Studio se retrouve face à une impasse. Après avoir relancé la machine hollywoodienne et le genre super-héroïque avec ses films connectés ("Avengers" de Joss Whedon en 2010 en est le premier point culminant), le studio en compagnie de la firme aux grandes oreilles a commencé à épuiser le filon jusqu’à un stade où finalement tout commence à ressembler à ce qu’il se faisait il y a 20 ans. Pire, car en plus de nous servir les mêmes schémas narratifs films après films, le côté spectacle a largement pris un coup dans l’aile avec des équipes d’effets visuels qui commencent à monter au credo contre leur entreprise. Manque de temps, reshoot constant, décisions de dernière minute… rien ne va au pays merveilleux de Mickey et cela se ressent dans leurs productions récentes (hormis peut-être "Wakanda Forever" qui fait figure d’exception) où tout paraît superflu et bâclé.
Marvel demande également une attention toute particulière à son univers connecté et de lui allouer ainsi un temps finalement monstrueux si on réalise que la vie sociale a son importance. Vous n’êtes pas abonné à Disney+ ? Vous n’avez pas pensé à poser un RTT pour votre prochaine séance de divertissement au cinéma du coin ? Alors tant pis pour vous. Si vous n’êtes pas un fan au point de lire des articles resituant les derniers évènements de tel ou tel médium (séries, films, jeux) le film vous fera plisser des yeux en vous demandant qui est qui. Ce dernier fait l’effort de nous remémorer les événements du premier "Captain Marvel", mais ne s’embarrasse pas d’introduire certains nouveaux personnages clés de ce métrage, dont la jeune Miss Marvel et la « nièce » de Carol, Captain Monica Rambeau. Évidemment cela n’empêche pas la compréhension de l’histoire générale du film, qui soit dit en passant est assez basique et convenue. Elle se résume en effet à une énième méchante qui veut sauver sa planète, quitte à en détruire d’autres, à l’aide d’un objet mystique qu’un groupe de héros s'évertue tout le film à retrouver. Des héros qui chemin faisant apprennent à faire équipe et à s’ouvrir aux autres. Cela ne vous dit rien ?
On a la désagréable sensation que tout ce qui est mis en place à l’écran pour aller d’un point A à un point B se fait en pilotage automatique malgré quelques gags réussis (la planète où des gens parlent en chant a fait mouche pour l’auteur de ces lignes). On décèle ici et là une envie d’emmener le métrage dans le décalage, l'absurde presque. Que ce soit avec l’exemple cité précédemment, celui du décalage de maturité entre Miss Marvel et les situations dangereuses dans lesquelles elle se retrouve ou encore les chats mangeurs de mobilier IKEA… Ce sont là quelques amusements, durant un métrage qui essaye de paraître plus cool que ce qu’il n’est finalement. Les effets de montage très eighties n'aident pas à rendre compte de l’authenticité de la démarche. Tout paraît fabriqué, convenu à l’avance et sans réelles surprises sur le déroulé narratif de la mission. On pourra cependant noter un effort bienvenu sur les chorégraphies des séquences d’actions. Les combats se font inventifs, lisibles (n’est-ce pas "Captain America Le soldat de l’Hiver" ?) et la sensation d’impact est retranscrite avec efficacité. Même si les effets spéciaux ne sont pas révolutionnaires, on est loin d’un ratage comme "The Flash" ou le dernier "Thor".
Mais ce n’est pas parce qu’on ne se retrouve pas à la fin du classement qu’on est forcément un bon élève. Le moins pire ne veut pas dire bon. On va commencer à se comporter comme des vieux ronchons, à dire que c’était mieux avant et que "Avengers Endgame" aurait été une fin parfaite. Mais même la scène post-générique n’arrive plus à créer quelque chose d’excitant ! À force de faire du produit de consommation on a ce qu’on mérite, ça passe parce qu’il faut bien se nourrir, mais c’est fade.
Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur