THE LODGE
Une redoutable virée aux confins de la folie
Une femme, à qui son mari annonce qu’il veut finaliser leur divorce, se suicide brutalement au revolver. Son fils et sa fille ne parviennent pas à pardonner à leur père et sont très réticents à l’idée de rencontrer Grace, sa nouvelle compagne, rescapée d’un suicide collectif sectaire. La période de Noël va les forcer à cohabiter dans le chalet de montagne d’où le père doit s’absenter pour quelques jours…
Avant même sa présentation hors compétition au Festival de Gérardmer, "The Lodge" était déjà précédé d’une solide réputation. Après quelques scènes décrivant sommairement l’état de détresse de la mère, un soudain coup de feu vient plonger toute la famille dans la peine, les gémissements continus de la fille venant illustrer celle-ci face à l’apparent stoïcisme du fils. Repoussant au maximum l’arrivée de Grace, celle-ci devient un être flou au sens propre comme au figuré, provoquant naturellement une certaine paranoïa chez les deux enfants. Plan sur une baie en verre dépoli laissant deviner sa silhouette, recherche sur internet dévoilant les épouvantables événements auxquels elle a partiellement contribué, la femme est rapidement suspecte avant même son arrivée physique.
C’est ainsi qu’une fois le mari parti, Veronika Franz et Severin Fiala (réalisatrices du remarqué "Goodnight Mommy") installent dans ces lieux exigus, perdus dans les étendues enneigées, une ambiance paranoïaque des plus réussies, inversant très vite le rapport entre la femme et les enfants. Entre le malaise provoqué par une prière ou la présence d’un portrait de Sainte, la religion prendra une importance grandissante au fil d’un récit faisant perdre aux personnages comme au spectateur ses repères. Formidablement interprété par Riley Keough ("Under the silver lake", "Logan lucky"), toute en douceur et en fêlures, le rapprochement entre les enfants et cette femme se fait dans un étrange mélange de défiance et de peur réciproque, qui mêlant à la culpabilité finit créer une ambiance implosive. Une vraie petite plongée en enfer.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur