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THE LAST DAYS OF AMERICAN CRIME

Un film de Olivier Megaton

Méga tronc

Dans un futur proche, le gouvernement américain s’apprête à imposer son arme ultime pour éradiquer le crime et le terrorisme : utiliser un signal anti-criminalité permettant d’annihiler toute envie ou volonté criminelle chez les Américains, avec en plus un système de cartes monétaires numériques et rechargeables pour remplacer l’argent physique et mettre fin aux braquages de banques. Une semaine avant d’orchestrer un vol de ces cartes en compagnie d’un perceur de coffre et de sa copine hackeuse, un criminel professionnel découvre le plan caché du gouvernement. Le temps lui est donc compté pour commettre son délit et quitter le pays avant que le signal anti-criminalité ne soit activé…

The Last days of American crime film image

Sortie le 05 juin 2020 sur Netflix

À ce stade-là, il va falloir solder les comptes avec Olivier Megaton. Au début des années 2000, on aura pu voir en lui un jeune espoir en matière de cinéma de genre radical et expérimental, ne serait-ce qu’avec l’hallucinant "Exit" et – dans une moindre mesure – son adaptation percutante de "La Sirène rouge". Mais en choisissant d’enfiler les vêtements d’un technicien de surface pour les usines Luc Besson, le bonhomme a laissé au placard toute sa virtuosité d’artiste (son passé glorieux de clippeur et de graffeur n’est plus qu’un lointain souvenir) pour torcher vite fait mal fait des sous-produits à deux de QI, allant du pire épisode de la saga "Le Transporteur" à un "Colombiana" moisi, en passant par deux "Taken" réchauffés au micro-ondes. Et s’il ne manquait plus à ce monsieur, pour toucher encore plus le fond, qu’un projet réellement alléchant sur le papier à tirer vers le bas? C’est comme ça qu’une adaptation de BD méga-violente chapeautée par l’empire Netflix devient le creuset d’une certaine idée du blockbuster d’action à la Besson, qui réitère ici un par un les ingrédients de sa recette-miracle en allant carrément jusqu’à les étirer sur pas moins de 2h30… Oui, vous avez bien lu…

Passons déjà sur le concept principal du scénario, jamais installé de façon ludique et stimulante au sein d’un récit qui se borne surtout à enchaîner tout ce que le studio EuropaCorp a su imposer comme clichés du « film d’action à vocation populaire » (on insiste sur les guillemets). Dès les premières scènes, tout y est : de la musique boum-boum, du badaboum au ralenti, des dialogues d’une bêtise à se pendre, une voix off qui raconte l’histoire à la place du découpage, des tortures et cassages de gueule à gogo, sans oublier des personnages gribouillés à grands coups de feutre vide. Passons vite sur ce qui semble évident (des personnages féminins réduits au rang de potiches sexualisées, du coït dans les chiottes, de la blague beauf en rafale, du « Fuck ! » à tous les étages, etc…) pour retenir ce qui nous semble aberrant. D’abord d’avoir tâché les CV respectifs d’Edgar Ramirez et de Michael Pitt (le second en fait tellement des caisses qu’il ferait passer le cabotinage d’un Johnny Depp pour de la sobriété bergmanienne), ensuite d’avoir opté pour une photo sans aucun relief et un montage affreusement plat qui n’arrivent jamais à dynamiser une intrigue aussi intéressante que la dernière lessive de votre caleçon, enfin de n’en avoir pas profité pour partir en roue libre dans les voies du nanar XXL (choisir le premier degré était finalement LA grosse erreur à ne pas faire !). Il n’y a rien d’autre à dire, sinon qu’achever le visionnage intégral de ce méga-tronc filmique ne fut possible qu’avec une consommation élevée de taurine. Et cela n’est pas véritablement un conseil à vous donner…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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