Festival Que du feu 2024 encart

THE KING OF JAIL BREAKERS

Décoiffant

Japon, fin des années 20. Masayuki Suzuki est un prisonnier réputé pour être le roi de l’évasion. Transféré de prison en prison, il parvient systématiquement à s’en échapper, rallongeant à chaque fois sa peine. Mais outre son étonnante capacité à déjouer les systèmes de sécurité les plus sophistiqués, Suzuki a une particularité : il se laisse toujours facilement rattraper. Son cas intéresse de plus en plus un ancien directeur de prison, qui décide de percer son secret.

Itao Itsuji est un acteur populaire très connu au Japon. Pour sa première réalisation au cinéma, il décide donc de se mettre lui-même en scène, usant de son charisme naturel pour incarner un personnage malin et ténébreux, que rien ne semble pouvoir atteindre. La première partie, qui s’attache à présenter Suzuki à travers ses nombreuses évasions, est celle qui évoque le plus les films de prisons, l’humour en plus. Ainsi, à peine arrivé dans un pénitencier ultra-sécurisé où l’on n’hésite pas à le mettre en garde sur l’impossibilité de s’en échapper, Suzuki sème déjà la panique parmi les matons. Ceux-ci le lui rendent d’ailleurs bien, puisque le film se permet des écarts vers une violence sourde et sanglante, qui n’est pas sans rappeler quelques scènes nauséabondes du “Hunter” de Steve MacQueen. Cette partie, bien que mise en scène avec une grande précision, souffre d’un léger manque de rythme et de quelques longueurs.

La deuxième partie, bien meilleure, commence alors que l’on croyait le film terminé. En effet, comme pour justifier de nous avoir fait un peu patienter, Itao Itsuji détourne les conventions et redonne du souffle à l’intrigue, dévoilant peu à peu les clés de l’énigme Suzuki. On ne peut alors s’empêcher de penser au dernier film de Martin Scorsese, “Shutter Island”, qui outre la coïncidence du décor, délivre une description effroyable et malsaine du milieu carcéral de haute sécurité. Néanmoins, à la différence du film pré-cité, l’humour est davantage de mise au travers du comportement ridicule des matons, blasés par l’ennui et complètement sur-excités dès qu’il s’agit d’organiser une battue pour retrouver un prisonnier évadé. Le film atteint alors un niveau de divertissement de haute volée, entre révélations, action et second degré. Sans oublier la fin, surréaliste et inattendue, qui vaut à elle seule le détour.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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