THE HUMAN CENTIPEDE 2
L’obscénité n’a décidément plus de limites…
… surtout quand son exploitation sur grand écran ne se limite qu’à en faire des caisses dans l’explicite, et ce sans le moindre point de vue de mise en scène. Dans le cas de "The Human Centipede", on était plutôt surpris du résultat, finalement bien moins explicite qu’on ne l’aurait cru et assez suggestif dans son illustration d’un concept barré au possible. Face à cette suite, le doute n’est toutefois plus permis : en poussant la roublardise jusqu’à nous promettre le film le plus choquant jamais réalisé, Tom Six est allé beaucoup trop loin. Si l’on part du principe qu’une suite appelle forcément la surenchère, on peut dire que le menu a de quoi donner envie de vomir : le fameux mille-pattes humain sera constitué cette fois-ci de douze personnes, l’opération se pratiquera sans aucune anesthésie ni matériel médical, le cinglé à l’origine de cette horreur ne sera pas un scientifique mais un handicapé mental avec la perversité en intraveineuse, et surtout, cette fois-ci… on verra tout !
Ce qui aurait pu être une variation décalée sur l’effet-choc généré par le premier film (le réalisateur se la joue Wes Craven du pauvre à travers un effet de mise en abyme) n’aboutit ici qu’à du néant. Tom Six a beau essayer de dynamiter son concept, il ne réussit qu’à flinguer toute appréhension de notre part en poussant le mercure de l’obscénité vers le plus rouge des curseurs. Tout, dans "The Human Centipede 2", suinte l’ignominie à tous les niveaux, à commencer par son protagoniste abject, décrit comme un obèse victime de pédophilie, méprisé par sa mère, cogné par un voisin violent et suivi de près par un pervers freudien. Voilà donc cet abruti se lancer dans un remake-maison du premier film avec douze personnes capturées au hasard. Sauf une, judicieusement choisie : l’actrice Ashlynn Yennie, troisième maillon du mille-pattes du premier film qui joue ici son propre rôle et écope de la place « privilégiée » de n°1 de la chaîne ! Le reste est du niveau de ce que l’on pouvait redouter : le hors-champ s’efface devant des sommets de crade explicite, le scotch et l’agrafeuse remplacent la couture et le scalpel, et les détails ignobles (de la masturbation au papier de verre à la stimulation du transit intestinal par les laxatifs) se comptent par paquets de douze.
Face à une mise en scène aussi aberrante et inconsciente qui cristallise tout ce que l’on ne souhaitait jamais voir à l’écran, on ne sait plus quoi dire, largué entre la sensation de nausée et les excès insensés de scatologie qui vont jusqu’à asperger la caméra. On serait même énervé de ne voir dans la stylisation visuelle de ce second épisode qu’un gadget idiot de plus, conçu pour contrebalancer l’absence d’intrigue ou de point de vue. Cela dit, que l’utilité de cette photo en noir et blanc façon "Eraserhead" se limite à faire passer la violence inouïe de certains plans (c’est raté) ou à rendre l’atmosphère bien plus oppressante (c’est pas mieux) n’a finalement pas la moindre importance : la vacuité abyssale de cette séquelle vire au mépris pur et simple envers le spectateur, comme si celui-ci était placé en queue de ce mille-pattes humain, forcé d’avaler visuellement des horreurs très vite assimilables à des étrons. C’est juste indéfendable.
Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur