THE GLASSWORKER
Un romanesque film d’animation pakistanais
Tomas Oliver tient la meilleure verrerie du pays, dans laquelle travaille désormais son fils Vincent. Mais l’époque est faite de grandes tensions, une guerre semblant imminente. Alors que des troupes arrivent en ville, emmenées par un colonel de l’armée, belliqueux, Vincent fait la connaissance de la fille de celui-ci, Alliz, inscrite à l’école de musique et promise à un grand avenir. Mais Tomas, qui a toujours été pacifiste, n’accepte pas cette liaison, lui qui a déjà fait que Vincent était considéré comme un « fils de lâche »…
Ce très beau conte qu’est "The Glassworker" se construit dans un complexe mais lisible ensemble d’allers-retours entre l’enfance de ses héros (Vincent, le fils d’un verrier, et Alliz, la fille d’un colonel) et l’âge adulte de Vincent. Mêlé d’une pointe de magie, avec la présence d’un Djinn, représenté par une petite lumière, qui mène l’adulte vers une caisse dans laquelle est enfermé un papillon de verre et la lettre d’une femme, c’est au travers de la lecture de celle-ci, ici en voix-off, qu’il va découvrir, comme nous, la réalité de leur lien passé. En résulte un grand drame, aux influences non dissimulées de Miyazaki, que ce soit dans le dessin ou les thématiques, premier long métrage d’animation dessiné à la main et produit au Pakistan.
Volontairement non situé géographiquement, ni dans sa temporalité, le film croise les destins de deux familles, sur fond de patriotisme et d’engagement dans l’armée, introduisant un troisième laron, Malik, pour mieux former un fatal triangle amoureux. Au fil du récit, des moments romantiques s’affichent (le montage des moments de bonheur entre les tourtereaux avec ses champs verts et ses papillons bleus, le récital de l’Alliz sous une magnifique coupole, que Vincent observe discrètement…), alors que d’autres plus dramatiques trouvent un seyant traitement graphique (le retour de la guerre du colonel blessé et de Malik, le récit des bravoures de Malik, entre pluie battante, flammes et coulées de boue…). Fortement romanesque, questionnant ce qu’est l’héroïsme, cette histoire de destins contrariés nous emporte dans un tourbillon d’émotion, alors que la cruelle réalité s’impose peu à peu.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur