THE BETA TEST
Un thriller qui trouve son agressivité dans le dérisoire
Jordan Hines a la vie parfaite : bel homme, agent hollywoodien à succès, il s’apprête à se marier. Mais une invitation pour un mystérieux rendez-vous sexuel pourrait venir tout gâcher…
Après avoir enthousiasmé l’ACID et le festival de Deauville avec son premier long métrage, "Thunder Road", revoici Jim Cummunings pour sa troisième réalisation (entre les deux, "The Wolf of Snow Hollow" n’avait connu que les honneurs d’une sortie en vidéo chez nous). Toujours plein de cynisme, son cinéma s’attaque cette fois directement au système hollywoodien, ce microcosme déjà maintes fois présenté comme une machine à cauchemars plus qu’à rêves. Comme à son accoutumée, le metteur en scène joue également le premier rôle, à savoir celui de Jordan Hines, un agent à succès sur le point de se marier. Mais une mystérieuse invitation, pour ce qui semble être un rendez-vous sexuel, va venir chambouler son parfait équilibre.
Coup de pied violent contre le puritanisme américain et la fausse morale prônée par ce milieu de Los Angeles, "The Beta Test" est une satire réussie d’une société malade, incapable de véritablement soigner ses maux. Plus qu’une énième œuvre post #metoo, le film est une autopsie crue de la psyché d’un mâle à la virilité toxique, dans un monde où le pouvoir rime trop souvent avec abus, de toutes sortes. Labyrinthique, le métrage s’égare malheureusement lorsqu’il veut prendre des airs de thriller, façon "American Psycho", surappuyant ses effets esthétiques et scénaristiques pour flirter maladroitement avec le sulfureux. Tout le contraire de ses saynètes plus cocasses, où le pamphlet trouve sa force dans la dimension déroutante et mordante de l’ensemble. Un film en demi-teinte, mais qui mérite d’être beta-testé !
Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur