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TERRE PROMISE

Un film de
Avec

Un film coup de poing

Je ne suis pas un aficionados de Amos Gitaï. Pourtant Terre promise me semble être son film le plus fort depuis des années (Kadosh, datant de 1999). En choisissant de suivre, à la manière d’un reporter infiltré, usant d’une caméra cachée, le réalisateur israélien semble toucher au réel et à l’ignominie de manière directe. A la fois brutal et sensible, son film force l’intimité de ces jeunes filles trimballées, bousculées tels des objets, à l’image de leurs geôliers.

Il malmène ainsi l’œil du spectateur, par une image chaotique, et des cadrages près du corps. Et cela donne des moments d’une intense douleur, telles les scènes de viol, où Gitaï donne à voir la terreur, en s’attachant aux visages et aux yeux des victimes. La brutalité est d’autant plus difficile à supporter qu’elle est souvent gratuite. La scène de l’arrivée dans la boîte de nuit, concept sub-aquatique intéressant, où les femmes sont forcées à se déshabiller pour subir une douche collective, humiliante, est très forte.

Elle revêt également un aspect malsain, car venant d’un peuple qui a subit de pareilles sévices, dans les camps de concentration. Amos Gitaï dénonce ainsi, non seulement un système, l’hypocrisie d’une société basée sur la religion, où sexe et respect ne font pas bon ménage, et où les gens ont la mémoire sélective. Le personnage d’Anne Parillaud, alliée d’apparence des filles, symbolise à elle seule l’absence de conscience de ceux qui, là-bas comme ici, profitent des inégalités entre Etats, et n’ont qu’un seul Dieu : l’argent.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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