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LA TERRE DES HOMMES ROUGES

Un film de Marco Bechis

Récit d'une inéluctable exclusion

Une tribu d'indien d'Amazonie décide de quitter sa réserve pour s'installer sur la terre de leurs ancêtres, aujourd'hui défrichée. Ils installent leur campement au bord d'une route, s'attirant les foules du fermier local, dont ils doivent traverser une partie des terres pour rejoindre la forêt où ils chassent et la rivière qui leur fournit l'eau...

Belle histoire de différences, « Birdwatchers », du nom de ce peuple qui connaît les oiseaux et en imite parfois les cris, est moins un film sur le choc culturel, qu'une oeuvre sur les rapports fraternels ou d'exploitation qui se tissent avec les propriétaires terriens, leurs gardiens, ou leurs enfants. Curiosité réciproque, exploitation, mépris, entraide, toutes ces valeurs s'entrechoquent dans un récit qui fait la part belle à l'humain.

Ainsi le film s'ouvre sur une observation captivante des rites et croyances de ce peuple, sur fond d'impossible intégration à une société qui les tient par un parkage organisé et un soudouement par l'alcool. Le constat d'un abandon progressif, d'une perte d'espoir, passe par la découverte de 2 filles pendues. Meurtre ou suicide, aucune explication n'est donnée. Mais la caméra s'attarde longuement sur l'enterrement, face contre terre, l'incendie de la maison, la peur des ombres.

Puis le film bascule dans le rapport aux autres, devenant passionnant dans les fenêtres qu'il ouvre, sur l'hypocrisie d'un apartheid entré dans les moeurs, mais se fissurant malgré tout ponctuellement, et sur le devenir d'une nature en harmonie avec ce peuple, et vouée elle aussi à l'exploitation intensive par des hommes blancs avides de richesses. Cela fait de « La terre des hommes rouges », une oeuvre sensible et dure, oscillant entre espoir de communion et réalisme pessimiste, à l'image du dernier plan du film, montrant un arbre isolé, seul au milieu d'un immense champ cultivé.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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