LE TEMPS DES RÊVES
Une évocation ratée de l'après-chute du mur
On voit bien ce qui a pu intéresser le cinéaste allemand Andreas Dresen (auteur des captivants « Pour lui » et « 7e ciel ») dans le scénario de "As we were dreaming" : tenter de montrer le contraste entre une enfance pleine de confiance en un pays et une adolescence désoeuvrée dans un pays réunifié mais en proie à la pauvreté. En s'attaquant au destin d'un groupe d'amis et plus particulièrement à celui de Dani, il livre une peinture plutôt noire de l'après-chute du mur, laissant peu d'espoir à une jeunesse soudain confrontée à une autre réalité.
Loin d'avoir le charme d'un « Goodbye Lenin », le film décrit pourtant la même réalité quotidienne, offrant même des flash-backs propres à expliquer une part de nostalgie ou la rancoeur qui s'installe. Et même si l'appartenance aux "pionniers", équivalent socialiste des scouts, est décrite comme relevant de l'embrigadement, le contraste avec la crasse ambiante finit par rendre cela presque charmant.
Pour servir son propos sur une misère galopante entraînant chacun sur la pente du deal, du striptease ou de la boxe (que de jolis symboles de la déchéance ou du désir de s'en sortir), le cinéaste choisit un montage toc, aux effets sonores parfois certes intéressants, mais dont le maniérisme à la mode agace vite. Le scénario apparaît rapidement comme balisé, les portraits d'ados relevant plus du cliché (les dialogues entre garçons et filles sont absolument navrants) que de la construction de vrais personnages. Aucun rêve dans tout cela, dont on ne retiendra que la bande son, avec notamment le fameux tube de Roxette « Spending my time ».
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur