LE TEMPS DES GRACES
L'agriculture française en débat
Les agriculteurs, les premiers, s’expriment sur le sujet. Les récits se succèdent, en ordre dispersé, les thèmes abordés sont divers et variés, et on ne s’ennuie pas malgré quelques plans très longs sur une campagne en cultures, lente et silencieuse. Le spectateur devient vite l’un des figurants assis à table à l’autre bout de la chaîne. Depuis des millénaires, ces hommes modèlent nos paysages et extraient de notre terre nourricière ce qui nous tient en vie. L’alimentation et notre santé sont indirectement au cœur du débat. Les témoignages sont pessimistes : « c’est dur, c’était mieux avant, si on avait su… »
Lentement, les intellectuels et les scientifiques amènent de l’eau au moulin. En cinquante ans et deux générations, tout a basculé. C’est une véritable révolution qui a saccagé nos campagnes. L’excitation à l’arrivée des nouvelles machines, l’espoir de nouveaux rendements et d’une qualité de vie plus douce ont laissé la place à un constat alarmant. Les parcelles sont exsangues d’avoir été surexploitées, la faune se volatilise, les productions françaises ne suivent plus dans la course à l’international, les exploitations disparaissent, la pollution se répand.
Et pourtant, une lueur d’espoir semble transparaître tout doucement. L’agriculture est à l’origine de bien des problèmes environnementaux et paysagers, certes. Elle est aussi, en puissance, la solution. La question que pose véritablement Dominique Marchais, c’est « quelle agriculture, pour quoi faire ? ». Les pistes sont nombreuses, ce n’est qu’une question de choix. Choisit-on d'opter pour l’excellence de l’exception française ou de la jouer bas de gamme sur un terrain mondial où l’on ne gagnera pas. Sans en faire un cheval de bataille, le bio est abordé. Mais pas seulement, car le problème ne se borne pas à « pour ou contre les produits chimiques ». Qu’en est-il plus généralement de l'incitation politique ? Car il est peut-être temps de se réconcilier avec l’agriculture et de lui redonner une dimension environnementale, mais aussi sociale et territoriale.
Pascaline CharrinEnvoyer un message au rédacteur