TELLEMENT PROCHES
Tellement drôle !
Comme chaque semaine, Alain constate, sans surprise, que sa femme est encore pendue au téléphone avec sa sœur à planifier un énième repas chez sa belle-sœur, une espèce de maman modèle assortie de son mari, légèrement beauf sur les bords, et de leur petite fille, véritable petit prodige sur pattes. Pendant ce temps, Roxanne, sa deuxième belle-sœur, fait la rencontre de Bruno, dont elle tombe directement sous le charme. Voulant se caser au plus vite et surtout, à tout prix, son horloge biologique tirant la sonnette d’alarme, elle lui propose de l’inviter au repas de famille en guise de premier rendez-vous. Bruno va alors se retrouver embarqué pour un dîner très animé…
Alors là, je dis chapeau bas. Moi qui ai fustigé il n'y a pas si longtemps les films français sur les réunions de famille en parlant de "La différence, c'est que c'est pas pareil", il faut bien admettre que la dernière comédie des réalisateurs de "Nos jours heureux" fait figure d'exception. Car avec un thème aussi réchauffé, les deux auteurs ont réussi à sortir des gags habituels pour nous offrir une œuvre totalement déjantée et très rafraîchissante pour le coup.
Les premières séquences annoncent la couleur. Entre l'hilarante rencontre entre Omar et Joséphine de Meaux, l'entretien de la baby-sitter et toute la scène Ikea qui fait tout de même de grosses références au sketch de Gad Elmaleh, on est déjà loin de l'habituel "humour qui se prend au sérieux" de ce genre de comédies. C'est léger, explosif et surtout finement écrit. Chaque réplique est au poil (mention spéciale pour la séquence du commis d'office tout simplement tordante de bout en bout) et les situations cocasses s'enchaînent pendant une heure et demie, ne laissant aucun répit à nos zygomatiques. Même si certaines paraissent de prime à bord surréalistes ou incongrues (le camping pakistanais dans l'appartement), on se laisse sans mal emballer par le charme de ce joyeux bordel.
Même les personnages, versant pour la plupart pourtant assez dans le stéréotype, sont si justement interprétés qu'ils évitent de tomber dans l'absurdité déplacée. On retrouve un Vincent Elbaz absolument survolté qui parvient, tout comme Demaison à composer brillamment avec la dualité de son rôle. Audrey Dana est irrésistible en femme au foyer exaspérante. L'excellente surprise vient d'Omar Sy qui joue ici un rôle à contre courant. Par contre, on aurait aimé voir Joséphine De Meaux dans une autre composition que l'habituelle hystérique de la bande. On regrettera aussi qu'Isabelle Carré s'efface au fur et à mesure que le film progresse et que les rôles féminins n'aient pas plus de consistance.
Le film n'en demeure pas moins un excellent divertissement qui démarre sur les chapeaux de roues pour ensuite nous faire découvrir le versant psychologique de cette famille d'hurluberlus. Un film qui vous fera assurément rire aux éclats et certainement verser votre petite larme d'émotion grâce à un habile final tout en nostalgie. Avec tous ces arguments, "Tellement proches" s'annonce pour être le gros succès commercial français de l'année et plus sûrement, de la fête du cinéma.
Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur